Mon stage en librairie

Durant trois mois j’ai dû effectuer un stage en librairie pour parfaire ma première année de Master métiers du livre, option Librairie. Car oui pour ceux qui l’ignorent je me destine à être libraire, métier bien sympathique même si ce n’est pas facile tous les jours et ça pour différentes raisons.

J’étais ainsi dans la librairie spécialisée Jeunesse, BD et mangas (Millepages – Vincennes), une magnifique librairie avec une équipe vraiment géniale. Je ne pouvais pas rêver mieux pour mon premier stage en librairie.



Durant ces trois mois, j’ai pu voir une grande partie du métier de libraire, il n’y a que la partie gestion que je n’ai pas pu totalement faire, en même temps, je n’avais pas de rayons à gérer. Mais on m’a tout de même expliqué et montré parfois comment cela fonctionnait, c’est une première approche plus « pratique » que la théorie vue en cours.

Avant toute chose, il faut bannir les clichés. Le libraire n’est pas celui qui est derrière sa caisse toute la journée, qui lit et attend le client. Parfois c’est possible quand il n’y a pas foule et qu’on n’a « rien à faire ». Mais ceux qui n’avaient rien à faire, c’était plus souvent le stagiaire (donc moi). Après je ne vais pas dire que je n’ai jamais lu, ce serait mentir étant donné la profusion d’albums pour enfants, de BD et de mangas que j’ai pu lire durant mon stage (des lectures courtes et rapide choisies pour cette raison) en attendant les clients et conseils qui s’ensuivent ou parce que je ne pouvais pas m’occuper de certaines choses, notamment de la partie gestion et rangement. Mais ce n’était pas non plus tout le temps, les collègues eux ne lisaient pas ou trèèèèèès rarement. J’ai commencé mon stage durant les vacances scolaires et là pour le coup, oui on lisait quasi tous parce que la ville se vide presque totalement durant cette période, donc quand il n’y a rien à faire et qu’il n’y a presque pas de clients, il faut bien passer le temps. Au moins ce moment de vide m’a permis de comprendre le fonctionnement de la librairie, de prendre mes marques aussi.

Il est évident que lorsqu’on vient d’arriver, on ne connaît pas très bien la librairie, les rayons, donc il faut le temps de prendre ses marques. Je demandais souvent aux collègues comment il fallait ranger (notamment les albums jeunesse, un casse tête !). C’est comme ça qu’on apprend, aussi en grande partie sur le tas et à force de voir les choses et d’en comprendre le fonctionnement. Mais même au bout de trois mois, il y a parfois des doutes parce qu’on ne sait pas toujours où tel ou tel livre se range, ni où il se trouve si on doit le chercher pour un client. Cela arrive de ne pas retrouver parce que soit il a été volé, soit parce qu’il a été mal rangé par un client qui ne savait pas le remettre en place et qui l’a posé un peu n’importe où. Après on cherche pendant des plombes en ne pensant pas l’avoir, et ça fait perdre du temps. Ce qui est toujours une mauvaise chose, car les gens sont de plus en plus impatients, s’ils ne l’ont pas dans la seconde, c’est foutu.

Par exemple, les lutin poche, livres de petit format souple pour enfants, il faudrait les ranger deux fois par jour pour être sûr que tout était bien en place, mais on n’a pas le temps de faire ça, et donner à faire ce travail au stagiaire au bout d’un moment c’est assez pénible, même si nécessaire. Le stagiaire pouvant être moi, je l’ai fait souvent au début du stage, le temps de prendre mes marques avec la librairie, ou aux stagiaires de seconde et première que l’on a eu avoir durant 1 semaine ou 2, ne pouvant pas leur donner des tâches similaires aux miennes, comme le conseil client ou l’encaissement. Je pense qu’au bout d’un moment on finit par en rêver de ces lutin poche, tant c’est une prise de tête parce qu’on range mais la seconde qui suit, c’est dérangé. En fait une librairie, c’est un rangement perpétuel, et on fait ça dès que l’on a un moment pour que tout soit bien en ordre. Heureusement que j’adore ranger des bibliothèques.

Etre libraire, c’est également faire un travail de manutention, il faut le savoir. Porter des cartons de plus de 10kg de livres, c’est une réalité. Là où j’ai eu du mal, c’était de rester toute la journée debout sans pouvoir m’asseoir, en dehors de la pause du midi. Il m’a fallu du temps pour m’y faire et trouver les bonnes chaussures adéquates. C’est bête comme réflexion, mais il n’empêche que les premiers soirs, au bout d’un moment je n’étais plus capable de marcher tant j’avais mal. Et quand le mal de dos arrive en même temps c’est terrible. Il faut donc bien faire attention et prévoir.

C’est également un métier répétitif, mais moi, ça ne m’a pas dérangé le moins du monde. Parce que même si chaque semaine il y avait des éléments à faire (la réception le mardi et le mercredi par exemple), mais au final aucune journée ne se ressemblait vraiment car lorsqu’on fait du conseil client, on ne sait jamais ce qu’on va nous demander et parfois, on peut avoir des demandes incongrues. Alors parfois on peut aider et à d’autres, non, ce n’est pas possible.

Le sujet « qui fâche » de la librairie c’est le client, mais c’est la base aussi du métier, être là pour les conseiller, leur vendre des livres. Si on est là, c’est bien pour quelqu’un, mais il faut avouer quand même que parfois c’est compliqué.

Etre confronté aux clients parfois c’est désarmant. J’avoue que plus d’une fois je ne savais pas toujours comment réagir face à leur comportement ou leurs paroles, du coup j’en parlais avec mes collègues tant cela pouvait me paraître surréaliste. Il y a des moments où l’on se demande si l’on vit totalement sur la même planète et que l’on parle le même langage. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte de ce qu’est une librairie et les contraintes (et s’en fichent aussi probablement) mais même quand tu expliques qu’il y a des choses qui ne dépendent pas de nous, il ne sert à rien de nous « menacer » et de leur assurer à 200% que leur livre sera bien là le jour que l’on aura indiqué avec un « peut-être » bien prononcé car cela ne dépend pas de nous. Mais non, ça ils ne le comprennent pas toujours et ont envie de nous fusiller sur place. Seulement, dans notre position, on ne peut pas faire plus et même quand on tente de trouver des solutions pour certains ce n’est pas assez, là, j’avoue que ça aurait tendance à me décourager.

Mais heureusement, tous ne sont pas comme ça, il y a des gens avec qui l’échange se fait plus naturellement, où ils écoutent et prennent note des conseils. Quand un vrai dialogue s’installe, ça aide tout de suite et c’est plus agréable, aussi bien pour le libraire que le client. Et la grande fierté c’est quand quelques temps plus tard un client revient et dit que le conseil était avisé parce que l’enfant adore le livre, etc. Ça donne la pêche et fait monter le sourire aux lèvres parce qu’on a réussi notre « mission ».

Comme j’étais en librairie jeunesse, j’étais souvent confrontée à des parents qui veulent faire lire leurs enfants. Alors certains aiment lire, mais pas forcément dans le genre qui plaît aux parents et parfois d’autres ne lisent pas et veulent qu’ils entrent en lecture. Une chose à savoir : forcer un enfant à lire ce qu’il n’a pas envie, ce n’est pas une bonne idée, plutôt que de lui donner envie, vous allez le braquer. Dire que des mangas et de la BD ne sont pas de la vraie lecture, c’est faux et désagréable à entendre (même si je ne suis pas grande friande en soi, je m’y suis mise quand même au cours de mon stage). C’est de la littérature, d’un autre genre, mais c’est de la lecture et c’est mieux que rien. Beaucoup de parents aimeraient que leurs enfants en lisent. Mais il y a toujours un moyen de faire entrer en lecteur, je pense qu’il suffit de trouver le genre qui puisse accrocher. Ma révélation ça a été Harry Potter et les littératures de l’imaginaire, c’est ma came.

Après pour faire lire des enfants qui n’aiment pas lire ou qui n’aiment que des BD et des mangas, il suffit de trouver la parade ou le compromis avec par exemple des romans illustrés. Il y en a plein, c’est une possibilité et prendre des ouvrages pas trop épais aussi. Il y a moyen de jouer de cette manière pour feinter et au final peut être faire apprécier la lecture sans que pour autant ce soit pris comme une contrainte et une torture.

Durant le stage, je m’occupais surtout du conseil en jeunesse ; n’ayant aucune culture en BD et mangas, je faisais appel à mes collègues quand il y avait besoin. Sauf en jeunesse parfois quand j’ai commencé à en lire et à me faire une « petite culture » dans ce domaine. Mais parfois c’était compliqué pour moi, donc je passais la main. Quant à la jeunesse à proprement parlé, c’est de la petite enfance aux romans pour adolescents / jeunes adultes. Autant dire que je n’ai qu’une culture dans cette dernière catégorie, mais on apprend. Et le meilleur moyen c’est de lire pour se rendre compte, d’écouter les collègues ce qu’ils disent aussi des livres pour s’en imprégner et être en mesure d’en parler même si on ne l’a pas lu (difficile de tout lire étant donné le nombre de références).

Pour le conseil, il faut aussi savoir adapter son discours en fonction de qui on parle. On ne vendra pas un livre de la même manière à un parent qu’à un enfant car l’intérêt n’est clairement pas le même. Et ce n’est pas toujours facile de conseiller surtout quand la personne n’est pas toujours réceptive où ne dit rien, donc on ne sait pas si ça plaît ou pas. Et parfois il y a des gens qui ne savent même pas ce qu’ils veulent, du coup conseiller devient compliqué, mais là on leur propose des choses et on les laisse voir si jamais quelque chose les interpelle. On ne peut pas non plus faire des miracles.

Les trois mois sont passés très vite, alors même si parfois il y a des journées qui étaient longues du fait qu’il n’y avait pas grand-chose à faire dans la librairie ou un grand manque de clients (on a eu un mois pourri avec de la pluie, ça n’incite pas à sortir), le temps a filé à toute vitesse. Même si parfois, il peut y avoir des points noirs quand on tombe sur des gens qui ont des réactions étranges, etc. cela reste quand même un super métier, j’ai vécu une très bonne expérience dans cette librairie et ne regrette pas du tout de m’être engagée dans cette voie. Le seul regret c’est que je ne puisse pas faire mon apprentissage l’année prochaine en M2 parce qu’ils ont déjà quelqu’un.

Et voici la photo de la vitrine que j'ai pu réaliser au cours de mon stage

Commentaires

  1. J'ai fait un court stage en librairie en 2013, et là où j'ai eu le plus du mal aussi, c'est rester debout toute la journée. J'avais les pieds en compote et des courbatures partout chaque soir !
    Mais je dois dire que ce fut une super expérience ! Surtout que pour ma part, je n'étais pas là pour longtemps, je n'était qu'une stagiaire, et on m'a vraiment fait touché à tout, tout expliqué, montré, et j'avais mon libre arbitre dans la librairie.
    C'est un métier qui a ses avantages et ses inconvénients, c'est certain. Mais perso, les inconvénients, pour moi, c'était juste rester debout. Et face à l'ambiance, les discussions avec les collègues et les clients, c'était rien. :D
    En tout cas, c'est un très bon article !

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    1. oui être debout c'est vraiment dur au début mais c'est un coup à prendre, maintenant ça va

      il y a des avantages et inconvénients partout. idem l'ambiance est top, c'est une atmosphère détendue avec les collègues c'était super, après pour les clients de manière générale ça va, mais parfois on tombe sur des personnes étranges qui me font halluciner parce qu'ils se permettent parfois des choses que dans tout autre commerce, ça ne se passerait pas comme ça et du coup je comprends pas trop ^^

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    2. Pour le coup les clients, ça doit dépendre de tout un facteur: région, humeur, etc. J'ai eu franchement d'excellents clients.
      Sauf un ou deux où vraiment o_O Mais bon, ce ne sont pas ceux que j'ai retenu.
      J'ai adoré mon expérience, et je suis contente de voir que c'est le cas pour toi et que tu en feras sûrement ton métier !

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    3. oui les clients ça dépend vraiment d'où tu te trouves. bah dans l'ensemble ça va, mais c'est vrai que parfois tu tombes sur des gens, bah tu ne sais tout simplement pas quoi dire tant leur réflexion te laisse baba

      et oui, l'expérience était super, et j'en ferai mon métier oui ^^

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  2. Très intéressant comme article , merci :)

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  3. Très bonne idée de parler de ton expérience en librairie ! Moi même j'en ai fait beaucoup depuis 3 ans dans la librairie "Le Furet du Nord" à Douai et c'est devenue ma deuxième maison. En fait pour expliquer je suis en bac pro commerce et l'année prochaine je me dirige en DUT Information-Communication option métiers du livre, ce qui explique mes si nombreux stages. J'y ai aussi travaillé (et j'y retravaille) en emploi saisonnier l'été.
    Tout ce que tu dit me rappel ma propre expérience et c'est intéressant de lire l'expérience de quelqu'un d’autre. La librairie dans laquelle j'ai travaillée est une librairie avec de nombreux domaine comme la jeunesse, la littérature, le scolaire, etc j'ai donc été très polyvalente et il est vrai que ce n'est pas un métier de tout repos ! Malgré tout c'est tellement enrichissant ! Je pense avoir trouvé ma voix même si j'aimerais découvrir aussi le domaine de l'édition.

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  4. J'avais aussi fait un stage dans une librairie mais heureusement car je me suis rendue compte que cela ne me plairait pas. Bonne continuation à toi, j'espère que ça te conviendra parfaitement ! :-)

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  5. un très bon article, j'ai travaillé au sein d'une librairie pour un mois mais pas en tant que libraire mais pour l'emballage des livres pour Noel et quand je voyais le comportement de certains avec des collègues, j'étais contente d'être à ma place, surtout en période des fêtes. Après je suis certaine que c'est un métier très enrichissant avec des personnes où tu peux échanger.

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