Quatrième de couverture
Je suis tout ça. Le mur de
brique rouge, la cheminée de l’usine fissurée, le lien avec la vie citadine,
ses méfaits, ses crimes, ses passions et ses amours. Ceux qui me laissent
pourrir. Ceux qui me contemplent, immobiles. Ceux qui m’exploitent jusqu’à la
trame. Ceux qui tentent tant bien que mal de me ranimer. Je suis tout ça. Je
suis Motor City.
Malmenée par les rixes des gangsters, les liquidations judiciaires et les
combats de chiens, Detroit observe ses habitants parcourir son ossature de
métal et de goudron, guette celui qui la sauvera de sa lente décrépitude.
Pendant qu’Ethan, jeune journaliste new-yorkais fasciné par cette ville au
passé industriel et musical glorieux, explore les quartiers de Motor City
jusque dans ses bas-fonds, Tyrell attend fébrilement le moment où, son année de
lycée terminée, il pourra enfin prendre son envol. Mais victime d’accès de
colère incontrôlés, il peine à éviter les heurts avec les membres des Crips et
l’expulsion scolaire.
Quand ses recherches mettent Ethan sur la piste d’un détournement de
fonds au sein de l’établissement de Tyrell, il soupçonne rapidement que
l’affaire est sérieuse… Tous deux vont s’opposer comme ils le peuvent aux gangs
qui règnent en maîtres à Detroit. Nul ne sera épargné.
Mon avis
Detroit est un roman qui m’intriguait,
je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avant de le commencer, mais il est
certain que je ne m’attendais pas à une telle histoire, j’avais un tout autre
scénario en tête et l’on peut dire que j’étais très loin du contenu de ce
récit. Un roman qu’il faut absolument découvrir.
Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture
étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit, d’autant que les
événements se mettent en place assez rapidement. Et puis, mieux vaut se laisser
emporter par la plume de Fabien Fernandez pour savourer pleinement cette
histoire qui m’a mis une claque, il faut le dire…
C’est un roman fort et poignant qui ne peut pas nous laisser
indifférent. C’est un roman noir, un roman social où l’on voit le quotidien des
gens dans la ville de Detroit, où la corruption, le trafic et la misère se côtoient
de très près. Sans porter de jugement, sans trouver de solution idéale pour que
la ville redore ses blasons, Detroit
nous montre une vérité crue, un constat avec tous les bons (et ils sont peu
nombreux) et les mauvais côtés (bien trop nombreux).
Nous avons 3 points de vue sur ce lieu de vie, celui de
Tyrell, jeune adolescent qui essaie de s’en sortir alors même que ses crises de
colère lui vaut des ennuis, celui d’un jeune journaliste new-yorkais fraîchement
débarqué dans la ville et qui voit tout cela d’un point de vue extérieur et qui
déchantera très rapidement et enfin celui de Motor City, la ville elle-même qui
a conscience des failles du système, de ce qui salit son « corps »,
quand tout le monde semble l’abandonner. Elle qui était pourtant si fière et si
majestueuse autrefois. Mais l’espoir fait vivre, tant qu’il y aura des
personnes qui gardent la foi pour faire bouger et changer les choses avec l’espoir
d’un avenir meilleur et de rendre justice.
J’ai beaucoup aimé ces alternances de point de vue qui rythme vraiment l’histoire,
qui la rend encore plus intéressante. Cela permet d’avoir différents regards
face à ce qui se passent mais aussi d’avoir une large vision des événements et
le moins que l’on puisse dire c’est que c’est peu reluisant. Quand on dit « le
rêve américain », on n’imagine pas ça, et pourtant, c’est la triste
réalité…
L’histoire est prenante et addictive, j’avais envie de savoir ce qui
allait arriver à nos différents personnages, est-ce que Tyrell allait s’en
sortir ou bien deviendrait-il un énième dommage collatéral ? Ethan va-t-il
pouvoir faire éclater la vérité sur ce qui se passe dans cette ville ?
Parviendra-t-il à dénoncer les corruptions, les violences, le manque de moyen
effarant ? Pourra-t-il montrer ce que cette ville a à offrir de plus que
des bains de sang et des trafics ?
C’est avec appréhension que l’on continue cette histoire, car lorsqu’on
voit un peu de lumière, les ténèbres refont surface, les problèmes s’enchaînent,
cela semble sans fin. C’est le mythe de Sisyphe et c’est avec la boule au
ventre que l’on suit le quotidien des personnages car parfois nous-mêmes on
peut perdre espoir. On s’imagine que tout va mal finir et pourtant…
Les personnages sont attachants et sympathiques. On a envie qu’Ethan
fasse éclater la vérité, qu’il montre ce que cette ville regorge, les
injustices, la violence, la corruption, etc. Ethan va se retrouver confronter
au manque de moyen qui existe au niveau équipement et ce, à tous les niveaux,
que ce soit pour les écoles, pour les policiers, les pompiers, c’est affligeant
de voir le témoignage de ceux qu’ils rencontrent quand il voit les problèmes. Comment
aider, faire améliorer les choses à cause du manque d’infrastructures ou de
personnels ? Une triste réalité qui fait mal au cœur.
On a envie que l’agent Moore parvienne à faire respecter l’ordre, à faire
évoluer les choses dans son travail, que les flics puissent faire correctement
leur job, mais on se rend compte que tout cela est difficile, quand beaucoup de
ses collègues baissent les bras et perdent espoir.
Malgré les crises de colère de Tyrell qui le rendent « fou »,
qui le catégorise comme un futur voyou ou pire : serial killer, on devrait
le fuir comme la peste. Et pourtant, ce n’est pas ce sentiment-là que l’on
garde, bien au contraire, on aimerait l’aider, on aimerait lui dire que tout va
bien se passer. On a envie de le protéger et de le rassurer. Etant donné qu’il
prend la parole, nous sommes au plus proche de lui, nous avons accès à ses
pensées, à ce qu’il vit, à ce qu’il essaye de faire pour s’en sortir, mais il
est parfois difficile de sortir la tête de l’eau quand on essaye désespérément
de vous faire couler. Il n’a que peu de personnes qui croient en lui, comment
ne pas baisser les bras ? Comment ne pas se laisser aller à la facilité et
faire ce que tout le monde attend de lui : craquer et devenir cet être dangereux
que tout le monde voit ? Ça fait mal au cœur ce constat et pourtant Tyrell
garde la tête haute, il tâche de faire au mieux, de prendre les meilleures
décisions possibles, même si ce n’est pas facile. C’est un gamin perdu, qui a
conscience du monde dans lequel il vit, et que ses chances sont très limitées.
C’est triste de voir ça, car il ne le mérite pas…
En bref, Detroit est un roman
fort et poignant qui ne peut pas nous laisser indifférent. C’est un roman noir,
social qui nous montre une vérité crue, celle de la misère et de la violence
que cela engendre. C’est un roman qui fait réfléchir. Les gens sont prêts à
tout pour s’en sortir, quitte à faire des trafics, qu’elle qu’en soit la
nature, mais certains gardent encore espoir et tâchent de vivre au mieux et d’essayer
de faire entendre leur voix pour une vie meilleure. Un roman que je vous
conseille fortement, il serait dommage de passer à côté !
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