Stevie : « Je jette un coup d’œil vers Hafiz. Il se
marre sans bruit. Des fossettes apparaissent de chaque côté de sa bouche et ses
yeux turquoise brillent. Il me donne envie de rire, moi aussi. »
Hafiz : « Je l’ai remarquée à la seconde où je l’ai
vue assise toute seule, les sourcils froncés. S’il y avait eu une bulle de
bande dessinée au-dessus de sa tête, on aurait pu lire : Je voudrais être
ailleurs. »
Stevie doit faire face à la dépression de sa mère.
Hafiz a fui son pays déchiré par la guerre.
Ensemble, ils vont retrouver l'insouciance qui manquait à
leur vie.
Mon avis
N’oublie pas de penser
à demain est le nouveau roman de Siobhan Curham dont j’avais adoré les deux
tomes de la série Les Filles de Brick Lane. J’étais donc curieuse de voir ce que pouvait donner ce roman et je
dois dire que je l’ai beaucoup aimé.
C’est un roman touchant qui ne peut pas nous laisser
indifférent, du fait du sujet abordé, que ce soit aussi bien du côté de Stevie
que de Hafiz, même si leur situation n’a rien à voir l’une avec l’autre.
Stevie est une jeune anglaise, elle vit seule avec sa mère
qui est dépressive (on apprend assez vite pourquoi dans l’histoire mais je vous
laisse la surprise de la découverte) et Hafiz, un jeune syrien qui a fui la
guerre et fait un long voyage pour rejoindre l’Angleterre où vit son oncle et
sa tante. Deux personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer, deux
adolescents en souffrance qui vont pourtant se lier d’amitié.
C’est une belle histoire déchirante, on suit tour à tour,
grâce à une narration double à la première personne, les deux personnages. Ainsi,
cela nous permet d’être au plus proche d’eux, de les comprendre, de comprendre
leur émotion et ce qu’ils ressentent et aussi de voir ce qu’ils vivent. Si
Stevie semble avoir une vie « parfaite » de l’extérieur, on se rend
compte très rapidement qu’il n’en est rien. Par rapport à Hafiz, elle vit dans
un pays libre et en sécurité, il n’y a pas la guerre, mais ce n’est pas pour
cela qu’elle vit bien et qu’elle est heureuse, bien au contraire.
Certes, d’un premier abord cela semble « moins pire »
que lui, mais peut-on vraiment comparer une souffrance ? Stevie, malgré
son jeune âge, doit se comporter comme une adulte, elle doit gérer sa mère
dépressive qui devient de plus en plus agoraphobe, au point de ne pas être
capable de sortir de sa maison. À un point qu’elle ne peut plus travailler… je
vous laisse imaginer ce que ça peut donner lorsque l’adulte n’est plus en
mesure d’assurer ses fonctions de parents et que l’enfant doit prendre le
relai. Une situation qui n’a rien d’enviable et qui est vraiment dure pour l’adolescente.
De l’autre, Hafiz, qui a dû fuir son pays, ses amis et
surtout sa famille, loin de ses parents. Il reste un adolescent, il reste jeune
et a besoin d’eux, mais il se retrouve livré à lui-même. Même s’il vit chez son
oncle et sa tante, ce n’est pas pareil, ce n’est pas chez lui, il n’est pas
chez lui en Angleterre. On ne peut pas imaginer ce qu’il a pu vivre et on ne
peut pas se rendre compte de l’horreur quand on n’y est pas confronté. Même si
on peut en avoir une idée lorsqu’il commence à se livrer.
Hafiz va avoir du mal à s’intégrer mais heureusement pour
lui, il y a Stevie dont la présence lui redonne peu à peu le sourire. Tous les
deux vont se lier d’amitié et si au début c’était difficile, Stevie a aussi un
souci d’intégration dans sa classe, ils vont s’apprivoiser. Malgré leur
différence et leurs hobbys qui divergent (elle adore la musique et lui le
foot), ils vont apprendre à se connaître et à s’ouvrir un peu plus au monde et
à oublier leur quotidien. Une belle amitié qui va les pousser tous les deux à
se dépasser et à essayer de trouver leur place dans cette vie qui ne leur a pas
toujours fait des cadeaux.
Une très belle histoire qui ne peut pas nous laisser
indifférent, quelle que soit l’histoire, celle de Stevie ou de Hafiz sont dures
l’une et l’autre, même si les raisons en sont différentes. Ces deux personnages
m’ont beaucoup touché et on suit avec grande attention leur parcours en
espérant que tout aille pour le mieux pour eux. C’est un roman qui donne
matière à réfléchir et qui nous permet de voir un peu « l’envers » du
décor, comme a pu le faire Entre deux mondes d’Olivier Norek, même si ce dernier est encore plus dur et glauque,
mais le public et l’histoire n’est pas la même non plus. Même si le sujet de l’immigration
est abordé dans les deux cas.
En bref, N’oublie pas
de penser à demain est un roman touchant que j’ai beaucoup aimé. On ne peut
pas rester indifférent face à ce qui nous est raconté c’est dur et beau à la
fois. Un espoir pour deux âmes en souffrance, deux raisons qui n’ont rien à voir
l’une avec l’autre, mais la perte, quelle qu’elle soit fait quand même mal. C’est
l’histoire d’une rencontre, d’une amitié qui va dépasser les frontières et
au-delà des apparences. Une belle histoire que je vous invite vivement à
découvrir !
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