Dans un monde qui ne veut pas l’entendre, elle refuse de
rester silencieuse
Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place
que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées.
Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle
laisse parler ses poings.
Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas
de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour
entendre sa colère et ses désirs.
La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore
écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses
pensées coupantes.
Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion
pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.
Mon avis
Signé Poète X est un roman qui commence à faire parler de lui et
est vu comme le phénomène de la rentrée littéraire en jeunesse. Il s’agit d’un « roman »
assez atypique puisque, comme le livre de Sarah Crossan : Inséparables, il est écrit entièrement en vers, en slam ce qui
change du roman traditionnel en prose. Mais je vous rassure tout de suite, à la
lecture, cela ne pose aucun problème, et on suit parfaitement la trame de l’histoire.
C’est un récit qui ne peut pas
nous laisser indifférent et qui nous touche droit au cœur. Même si j’avoue que
je ne l’ai pas été autant que pour Inséparables,
en même temps, les histoires n’ont rien à voir l’une avec l’autre, cela reste une bonne lecture que je vous
invite à découvrir.
Je ne ferai pas de résumé de l’histoire,
la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi
il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre
compte. L’écriture de l’autrice est agréable à lire, c’est assez rapide du fait
que ce soit écrit en vers, raison pour laquelle je l’ai lu dans la journée en
quelques petites heures, cela ne prend vraiment pas beaucoup de temps puisque
les pages ne sont pas pleinement écrites.
On suit donc l’année scolaire de
Xiomara, cette jeune adolescente de 15 ans dont le corps se forme de plus en
plus, à devenir celui d’une femme et qui commence à poser problème, notamment aux
hommes (quel que soit l’âge) qui lui font toutes sortes de remarques. Elle use
alors de ses poings plutôt que sa voix pour se faire entendre et pour se
défendre. Xiomara a beaucoup de choses à dire, mais impossible pour elle de se
rebeller ouvertement, de dire ce qu’elle pense, ce qu’elle veut et quand on
voit son éducation, la manière dont elle vit, on comprend assez vite pourquoi
elle est si renfermée sur elle-même. L’écriture est donc pour elle le seul
moyen de s’exprimer et de faire ressortir tout ce qu’elle ressent.
Vivant à Harlem, la famille est originaire de République
Dominicaine, si bien qu’il y a de temps à autre des mots en espagnol ce qui nous permet
d’être parfaitement ancré dans cette famille, ce qui procure aussi une certaine
atmosphère à l’histoire. Et ainsi, on peut comprendre que la migration vers
les États-Unis est un moyen pour la famille d’offrir une belle vie et une
éducation à Xiomara et son frère. Une éducation stricte de la part de la mère,
surtout envers Xiomara qui la menace de la renvoyer au pays à cause des soucis
qu’elle lui cause.
Xiomara est une adolescente comme
une autre, elle aimerait vivre sa propre vie, vivre ses propres expériences,
tomber amoureuse, etc. sauf que tout cela lui est interdit par sa mère. Elle a
tracé une voie pour sa fille mais sans tenir compte des envies et aspirations
de cette dernière. Et il arrivera un moment où l’adolescente rebelle fera
entendre sa voix pour une fois et se libérer, mais cela prendra du temps. On peut
comprendre pourquoi sa mère se comporte de cette manière, pourquoi elle met
autant de limite à sa fille et dicte autant de règles, mais c’est sans se
rendre compte de la souffrance et la peine qu’elle lui inflige. Deux personnalités
fortes qui ne se comprennent pas.
Tout au long de l’histoire, on
voit l’évolution de Xiomara, à travers les 3 parties qui composent ce récit, on
la voit grandir, prendre peu à peu confiance en elle et devenir la femme qu’elle
est censée être. Le chemin sera long et parfois douloureux, surtout lorsqu’on
voit le milieu d’où elle vient. Un père « absent » qui n’agit pas
comme un père et une mère très ancrée religion qui est totalement déconnectée
de ses enfants. Les jumeaux, Xiomara et son frère Xavier, dit Jumeau par l’adolescente
survivent dans cette famille plutôt qu’autre chose. Et lorsque Xiomara fera la
connaissance d’Aman en cours, ça va être un grand bouleversement dans la vie de
la jeune adolescente qui devra se cacher. Mais c’est aussi sans compter sur une
de ses professeurs, Ms Galiano, sa prof de français, qui va l’encourager à
participer au club de slam. Un club qui pourrait bien être le salut de l’adolescente.
On ressent beaucoup d’empathie
pour Xiomara qui se retrouve coincée dans cette famille, dans cette éducation
qui ne lui convient pas, elle qui rêve d’être juste une adolescente et de vivre
sa propre vie. La religion a son importance dans sa famille, surtout pour sa
mère et on voit à quel point Xiomara n’en a que faire et ne comprend pas pourquoi
la religion interdit certaines choses. Comme elle, on se sent prisonnier et on
ressent parfaitement son mal être, même si elle fait tout pour garder pour elle
ses sentiments. Mais il arrive un moment où cela devient difficile de se
contenir, de garder tout cacher à l’intérieur d’elle. D’autant qu’elle ne cesse
de se battre contre le monde extérieur, comme si tout était de sa faute.
J’ai
déjà lu d’autres livres du « genre » qui évoquait le slam, comme par
exemple la trilogie Slammed de Colleen Hoover ou encore Dans chacun de mes mots de Tamara Ireland Stone. Mon seul regret dans ce roman est que l’on
ne « voit pas » les écrits, les slams de Xiomara, qu’on trouvait dans
les deux autres romans mentionnés. Après, le roman étant écrit entièrement en
vers, on va dire que ça compense mais ça aurait été intéressant de voir ses
mots et sa rage à travers les textes qu’elle écrit « elle-même ». J’ai
été un peu frustrée quand elle disait ses textes à des personnes mais sans qu’on
en voie la moindre trace. Mais cela reste une belle histoire et la narration en
est un bel exemple de ce qu’elle pense et ce qu’elle écrit. Et cela arrive
aussi assez tardivement dans le récit puisque tout au long de l’année, sa prof
ne cesse de lui parler du club sans que Xiomara y participe.
En bref, Signé Poète X est un roman qui ne peut pas laisser indifférent et
qui aborde de nombreux sujets. Le fait que ce soit écrit en vers, en slam
ajoute un plus à l’histoire qui est vraiment touchante et dure en même temps. Xiomara
est une adolescente attachante et sympathique qui ne souhaite qu’une chose,
vivre sa propre vie, sans carcan imposée par sa mère, par cette société. Elle a
beaucoup de choses à dire mais n’en a pas les moyens dans un premier temps. L’écriture
est pour elle une échappatoire et le slam pourrait être un bon moyen pour elle
de dire enfin ce qu’elle pense, à travers les mots qu’elle a pu dans un premier
temps écrire. Un roman à découvrir !
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Vous êtes bien sur la messagerie écrite de Melisande.
Veuillez laisser un message après le bip écrit car elle est partie lire !
***biiip***