Chevaleresses de Charlotte Bousquet

Quatrième de couverture

Sept jeunes femmes partent en guerre
Après avoir été libéré d’un mal qui le hantait, le village de Cinzio se retrouve peu à peu sous le joug de son sauveur. Prétextant la chasse aux hérétiques, Javier de Girona et sa bande terrorisent les habitants de Cinzio : alors que l’hiver promet d’être rude, il exige de lourds tributs de la part des paysans et n’hésite pas à en réduire certains en esclavage.
C’en est trop pour Lina, la fille du forgeron. Armée d’un courage et d’une détermination sans failles, la jeune fille décide de partir à la quête de guerriers assez courageux pour tenir tête à Girona.
Elles seront sept. Sept héroïnes aussi différentes qu’attachantes, unies dans leur lutte pour sauver tout ce qu’elles ont toujours connu.

Mon avis

Après avoir lu Nymphéa et la chambre rouge, je me suis lancé dans Chevaleresses car cela faisait longtemps qu’il était dans ma PAL et que je savais qu’il ne me ferait pas long feu. J’aime beaucoup ce que fait Charlotte Bousquet et j’étais bien contente de la retrouver dans de l’imaginaire, car ses dernières publications étaient surtout du contemporain.

Je dois dire que Chevaleresses était bien sympathique dans l’ensemble, mais il est vrai que j’en attendais un peu plus, donc je suis loin du coup de cœur mais ça reste une lecture plaisante avec qui j’ai passé un bon moment.

Je ne ferai pas de résumée de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de Charlotte Bousquet est toujours aussi sympathique à lire et fluide, même si je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire. Mais c’est plutôt dû au fait que l’on suit le point de vue des 7 héroïnes par alternance et qu’il a été compliqué pour moi, au départ, de m’y retrouver entre chacune, de savoir qui elles étaient, etc.

Et je pense que c’est là, l’un des soucis que j’ai pu avoir avec ce livre, ce n’est pas l’histoire en elle-même parce que dans l’absolu, l’intrigue est bonne, l’action commence dès les premiers chapitres, tout se met en place. Si on suit les différents personnages, avec la sensation que tout est disparate et « sans lien », à mesure que l’on avance dans l’histoire, on se rend bien compte que ces jeunes femmes vont finir par se rencontrer et s’unir pour lutter contre un ennemi commun.

C’est le principe même de l’heroic fantasy, un ou plutôt une en l’occurrence ici, héroïne est une élue, qui va s’entourer de différents compagnons, pour ensuite se battre contre le mal qui ravage le pays. En gros, c’est le schéma classique du genre, et ça, l’autrice le maîtrise parfaitement et c’était une très chouette idée.

Maintenant, là où j’ai eu un peu plus de mal, c’est avec le fait que l’on ait autant de point de vue, dans un roman si court. J’ai eu du mal à bien identifier chaque héroïne, j’étais un peu perdue (peut-être aussi un peu fatiguée avec un manque de concentration, c’est fort possible) mais du coup, comme il n’y a pas de lien entre elles – durant un petit moment le temps de toutes les rencontrer avant de commencer les premiers croisements et que de fil en aiguille, elles se retrouvent toutes ensemble – il m’a fallu un petit temps d’adaptation. Ça n’a pas duré trop longtemps, donc j’ai pu davantage apprécier ma lecture par la suite, mais la mise en route a été un peu rude à cause de ça.

Chevaleresses reste une bonne histoire, ça se laisse lire, c’est sympathique, mais à mes yeux, elle manque de profondeurs. Comme le roman est court, qu’il y a beaucoup de personnages, tout est vite expédié et je n’ai pas eu le temps de m’attacher à chaque héroïnes, d’apprendre vraiment à les connaître. Ce qui ne m’a pas aidé pour m’ancrer dans l’histoire car j’attache une grande importance aux personnages. Une histoire peut être classique mais si les personnages sont géniaux, le livre peut être exceptionnel. Là, ça reste sympathique, mais il m’a manqué quelque chose.

C’est pour ça que la mise en route a été difficile parce qu’il fallait vite présenter tout le monde, les faire se croiser pour arriver à la grande bataille finale et comme c’est un one-shot, tout doit être résolu à la fin, d’une manière ou d’une autre. Et étant donné la teneur de l’histoire et des personnages, il aurait fallu, à mes yeux, soit en faire une série, soit en faire un roman bien plus consistant pour justement développer davantage l’histoire ainsi que les personnages.

Ça aurait mérité plus de profondeur pour mieux s’ancrer dans l’univers, qui lui aussi manque de détails pour moi. En lecture et d’autant plus en fantasy, je préfère de loin les pavés avec force de détails, de descriptions, etc. Et là, ça m’a manqué. On sent que l’univers est assez riche, qu’il y a un gros potentiel, car chaque héroïne a vécu quelque chose, bien d’une région particulière, de différents pays où les guerres ont fait des ravages. Mais comme le roman est court et qu’il s’agit d’un one-shot, il est complètement condensé, à peine survolé, ce n’est qu’un décor, pour faire « juste » une mise en avant de ces 7 héroïnes qui vont faire front commun.

Pour l’univers, c’est vraiment très succinct, beaucoup trop à mon goût parce que vu ce que l’on aperçoit ici, il y avait vraiment matière à aller plus loin, à en voir davantage et je sais que l’autrice est tout à fait en mesure de nous proposer ça. Donc je trouve ça un peu dommage d’être resté autant en surface alors qu’il y avait un gros potentiel pour en faire une grande aventure d’heroic fantasy.

Après, comme je l’ai dit, c’est un avis personnel, et je reconnais que l’histoire est bien et permet de s’initier au genre si on ne connaît pas et si on n’aime pas les gros pavés remplis de détails justement. Ce n’est pas mon cas, donc je suis un peu restée sur ma faim. On retrouve une thématique forte et chère à l’autrice : le féminisme et là, avec toutes ces héroïnes et le « seul » personnage masculin a vite été évincé dans l’histoire pour laisser la place aux femmes et montrer qu’elles sont capables de tout, elles aussi. Un message fort et parfait.

Quant aux héroïnes, en soi, elles sont bien sympathiques, elles ont chacune des caractères forts, elles sont très différentes les unes des autres, de quoi se reconnaître aisément en elles. On sent que chacune a un vécu et que cette nouvelle épreuve est là pour les élever encore un peu plus. Elles peuvent s’affranchir, être qui elles veulent, et décider par elles-mêmes de leur vie, de leur avenir. Ça rejoint sur ce que je disais juste au-dessus sur la partie féministe de l’histoire.

En bref, Chevaleresses est un roman avec lequel j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, dû au fait de la multiplication des points de vue avec les 7 héroïnes qu’il faut appréhender. Mais une fois passé ce cap, on voit tous les enjeux, le moment où chacune d’elles vont se croiser et se retrouver ensemble pour s’unir contre un ennemi commun. C’était plutôt chouette, avec une intrigue bien menée et un univers plutôt sympathique. Charlotte Bousquet sait y faire et ça fait plaisir de la retrouver dans ce genre. Les personnages sont plutôt attachants et vont nous faire vivre une grande aventure, avec un bon message féministe au passage. Mais, il est vrai que pour moi, ça manquait un peu de profondeurs, d’autant plus lorsqu’on a autant de personnages à faire évoluer et dont on suit tous les points de vue par alternance. J’aurai aimé avoir un univers plus riche aussi et il y avait un gros potentiel. Cela dit, avec un roman si court et en one-shot, difficile de tout développer et ça m’a un peu manqué. Après, cela reste de l’heroic fantasy bien sympathique pour qui veut s’initier au genre.

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