La chambre mortuaire de Jean-Luc Bizien (Les enquêtes de l'aliéniste 1)

Quatrième de couverture

Paris, juillet 1888. Un cadavre disparaît de la morgue, un autre corps est retrouvé, nu, sur les pavés après une chute vertigineuse.
Surviennent, bientôt, de nouvelles morts suspectes. L’inspecteur Desnoyers, flanqué de son adjoint Mesnard, qui applique les techniques les plus modernes, hante les rues sombres de la capitale. Il y démêlera les fils d’une conspiration qui le mène au Dr Simon Bloomberg, aliéniste à la réputation sulfureuse... que l’on dit plus dangereux encore que ses patients ! Et que penser de cette jeune Anglaise, Sarah Englewood, tout juste engagée par Bloomberg ?
Dans ce Paris où le spiritisme côtoie la science, où les esprits les plus cartésiens s’adonnent à l’absinthe, l’alcool qui rend fou, Desnoyers vacille : doit-il collaborer avec Bloomberg ou, au contraire, tout faire pour confondre le ténébreux aliéniste ?
Une à une, les découvertes morbides le rapprochent de la vérité... mais aussi du danger.

Mon avis

Après avoir lu La liseuse de visages, j’avais envie de rester dans du thriller, raison pour laquelle je me suis lancé dans La chambre mortuaire, le premier tome des Enquêtes de l’aliéniste. J’étais assez curieuse de voir ce que ça pouvait donner et je dois dire que c’était une lecture intéressante. Pas du tout ce que je m’étais imaginée mais ça reste intéressant.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’auteur est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre facilement dans l’histoire. Celle-ci est écrite à la 3e personne, nous suivons différents groupes de personnages, d’un côté Sarah qui vient d’être engagée comme gouvernante par le Dr Simon Bloomberg, lui-même, ainsi que les policiers qui mènent l’enquête sur ces meurtres.

C’est donc essentiellement autour de ces 3 groupes de personnages que l’on découvre l’histoire, avec une narration un peu particulière qui donne la sensation que chaque groupe vit sa propre histoire, sans « lien » particulier. Du moins, dans un premier temps. Mais petit à petit, les éléments se regroupent et au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire et dans cette « enquête » – j’expliquerai ensuite pourquoi ces guillemets à « enquête » – on commence à comprendre quels sont leurs liens et comment ce puzzle se reconstitue.

C’est vraiment l’effet que m’a donné ce roman, celui d’un puzzle à reconstituer car si tout semble éparse et éparpillé, en vérité, c’est bien construit. Lorsque les révélations se font, tout prend son sens et cela devient logique. Alors certes, on comprend un peu en amont l’implication de chacun mais on n’était pas en mesure de tout comprendre car il nous manquait trop d’éléments pour pouvoir reconstituer ce puzzle. Et c’est là que l’on voit à quel point l’auteur tisse sa toile petit à petit, nous distillant çà et là, des informations qui sont importantes sans que l’on s’en rende compte.

Pourquoi ai-je mis des guillemets à « enquête » un peu plus tôt ? Parce que ça n’est pas un policier ou thriller assez traditionnel où l’on suit l’enquêteur dans sa quête. Car même s’il est question de Simon Bloomberg en tant que personnage principal de la série, il n’empêche que ça n’est pas lui qui cherche des indices en tant que tels, mais bien les policiers qui essayent de faire leur travail mais la tâche n’est pas aisé.

Ça n’est pas construit comme un policier traditionnel et il faut savoir que c’est plutôt lent comme rythme, même si ça finit par s’accélérer sur la fin plus on approche du but et de LA grande révélation. Mais c’est assez contemplatif. D’ailleurs, le fait d’avoir le point de vue de ces 3 groupes de personnages permet de créer une certaine attente et ajoute ce côté lent car c’est toujours au moment où l’on pourrait avoir des informations croustillantes que l’on change de focalisation. Le narrateur se joue de nous, tout comme l’auteur qui maintient le plus longtemps possible son suspense pour nous tenir en haleine.

Personnellement, ça ne m’a pas dérangé que ce soit lent, que l’on soit dans la contemplation parce qu’il y a une certaine ambiance, dû au fait de la période historique qui est très bien retranscrite. Et j’ai bien aimé suivre cette histoire mais je peux comprendre que ça ne puisse pas plaire à tout le monde parce qu’on n’est pas dans un policier traditionnel avec de l’action en permanence. Ce n’est pas du tout cette ambiance et atmosphère qui sont retransmises. Mais j’ai bien aimé cet univers avec une intrigue plutôt efficace dans le genre.

Je suis curieuse de poursuivre les aventures de Simon Bloomberg et Sarah qui doit faire preuve d’une grande force car elle débarque dans la vie de cet aliéniste dont elle ignore tout et qui est pourtant au cœur de cette histoire. Elle va devoir faire preuve de courage pour rester à son service, car il a épuisé nombre de gouvernantes. Peut-être y a-t-il une raison à cela… En tout cas, j’ai beaucoup aimé Sarah qui, elle aussi de son côté mène l’enquête pour essayer de découvrir les secrets de Simon Bloomberg. J’ai bien aimé leur dynamique à tous les deux.

Quant à Simon Bloomberg, il est assez secret et bien mystérieux. On ne sait pas tant de choses sur lui, nombre de questions sont sans réponses une grosse partie de l’histoire. On voit qu’il se passe des choses étranges dans son manoir, ce qui explique pourquoi les gouvernantes ne restent jamais longtemps… Il est vrai que toutes ces morts semblent le mener à lui, mais on est convaincu qu’il n’y est pour rien (à moins que ?). Mais c’est un personnage charismatique qui m’a bien plu et j’ai hâte de le retrouver dans la suite de ses aventures.

En bref, La chambre mortuaire est un policier que j’ai apprécié découvrir. L’intrigue est bonne et bien menée, même si la manière dont elle est construite est assez étonnante car on ne s’attend pas à ça d’un policier. La narration est multiple, on suit différents groupes de personnages qui permettent de créer une certaine dynamique mais qui explique aussi pourquoi s’en dégage une lenteur. Ce n’est pas un policier traditionnel, on ne suit pas une enquête en tant que telle, même si on peut suivre les pistes de chacun pour élucider cette affaire. Ce n’est donc pas pour tout le monde, mais moi ça ne m’a pas dérangé. J’ai bien aimé aussi l’atmosphère qui s’en dégage, c’est assez particulier, ce Paris du XIXe siècle, avec les pratiques de cet aliéniste. Les personnages sont intéressants et charismatiques, ils ont tous leur rôle à jouer, même si dans un premier temps, on ne voit pas où tout cela va les mener. Une partition qui ne prend sens qu’en arrivant à la fin, lorsque toutes les pièces du puzzle finissent par s’emboiter ensemble pour nous faire comprendre les enjeux de cette affaire. Une histoire qui m’a bien plu et j’ai hâte de retrouver ces personnages si singuliers et ô combien intéressant dans une nouvelle enquête.

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