La muse égarée de Brian Stableford

Quatrième de couverture

Il y en a, sur Mnémosyne, qui pensent que vous êtes un magicien, Axel... Il y en a qui pensent que vous êtes le Diable en personne. Dans des moments comme celui-ci, je les croirais presque.

Nous sommes dans un empire romain qui dure depuis deux mille ans et dont le fondateur est un César qui n'aurait pas péri sous les coups de Brutus. Sur l'île Mnémosyne, une petite colonie d'artistes qui vit au côté des marins et des pêcheurs attend avec impatience l'arrivée estivale de ses mécènes en villégiature.

Chacune des trois nouvelles de La Muse égarée met en scène un art différent. Dans L'Exposition secrète, c'est la peinture qui est à l'œuvre, et l'inquiétant pouvoir des portraits qui se mettent à vivre...
L'Incube de la Rose met en scène la musique et le duo amoureux d'une harpe et d'une flûte. Les Bras de Morphée voit son narrateur basculer dans le monde de la folie et du rêve, car l'art dont il est question est le morphéomorphisme qui accorde aux amantes du dieu Morphée le pouvoir de diriger les rêves. Mais ce présent a un prix et attire les magiciens avides de pouvoir...

Mon avis

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Rivière Blanche de m’avoir permis de lire ce recueil vraiment magnifique, sans quoi je serais passée à côté d’une lecture fort agréable.

Ce recueil est compose de trios nouvelles qui ne sont pas du tout de même taille, en effet, autant les deux premières font une vingtaine de pages, la dernière prend quasiment l’intégralité du recueil. Les nouvelles sont racontées du point de vue d’Axel Rathenius.

L’Exposition secrète met en avant la peinture, où l’arrivée d’un peintre : Claudius Jaseph, possible rival d’Axel Rathenius, peintre lui-même. Trois jeunes filles sont décédées et peu à peu le mystère se fait sur leur mort, accusant le peintre Jaseph d’y être pour quelque chose… mais il faut voir de quelle manière… Suite à cela, le peintre et Axel vont entrer plus ou moins en compétition en produisant le tableau d’une jeune fille, Lady Dian, la jeune sœur de l’une des filles défuntes… Cela nous amenant petit à petit à comprendre ce qui a bien pu se passer dans cette étrange affaire.

L'Incube de la Rose met en avant l’art musical. Axel nous raconte l’histoire d’un homme : Conrad Othman qui va écrire une partition, mettant en scène une harpe et une flûte, la harpe étant jouée par Dorothéa Rosa, la meilleure harpiste qui soit. Mais cette femme préfère jouer en solo, jusqu’à ce que Conrad lui présente sa partition. Le rendu est magnifique, mais cela crée quelque chose entre les deux musiciens, et Conrad est prêt à tout pour conquérir Dorothéa, mais les évènements, ne se passent pas forcément comme prévu…

Les Bras de Morphée commence par une petite réunion en compagnie d’Axel, Hécate et d’autres notables que l’on a rencontré dans les précédentes nouvelles et un débat est lancé : à savoir quel est l’art le plus pur. Chaque protagoniste expose son avis jusqu’à ce qu’Axel parle du morphéomorphisme, (le pouvoir de diriger les rêves). Puis quelques temps après, un nouveau garde pour le phare arrive : Phelim Kracy et sa sœur Candida Kracy. Tâche des plus importantes et aussi « maudite » en raison d’un naufrage qui eut lieu une centaine d’années auparavant : celui du Haemon Redondo. Ce naufrage semble être sur les lèvres de chacun et semblerait être au cœur d’un mystère dont le peintre Axel Rathenius veut découvrir le secret…

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les 3 nouvelles sont toutes différentes les unes que les autres et je ne saurai dire quelle a été ma préférée. J’ai trouvé les 2 premières nouvelles très intéressantes. La première nouvelle : L’Exposition secrète, m’a fait penser à l’œuvre d’Oscar Wilde : Le Portrait de Dorian Gray (et la traductrice qui a écrit la préface y fait également référence, en citant uniquement le nom de l’auteur). J’ai trouvé qu’elle était très bien menée et il faut voir jusqu’où l’homme peut aller, pour le pouvoir (quel qu’il soit) et on le retrouve dans L'Incube de la Rose, même si le pouvoir n’est pas le même…

La dernière n’est pas comparable aux autres car au vu de sa longueur ; il s’agit plutôt d’une novella voire d’un roman et ainsi l’histoire est beaucoup plus développée et on s’interroge sans cesse sur le but de cette histoire. On se demande où l’auteur veut en venir, ce qu’il veut nous faire comprendre et franchement, je ne m’attendais pas à cela. Alors qu’on pense que tout est terminé, il parvient dans les derniers chapitres à tout remettre en cause et à nous révéler des choses que l’on n’aurait pas nécessairement soupçonnées. En effet, même si on est du point de vue d’Axel (1ere personne pour la narration), il ne nous dit pas tout, on ne voit pas tout le cours de ses penser.

Le personnage d’Axel Rathenius est très intéressant, peintre réputé, qui reste pourtant sur son île, sans se faire voir, notamment lors des expositions de ses propres toiles dans les cabinets de curiosité ou « galeries ». Cela fait un mystère sur sa personne et les rumeurs sont nombreuses également, dont une qui lui accroche à la peau : celle d’être un grand séducteur… Beaucoup de modèles auraient été ses amantes mais dans les 3 nouvelles, on ne voit pas cet aspect de sa personnalité, ça reste une rumeur que personne n’ignore et il en est parfaitement conscient. Le fait de l’avoir en tant que narrateur, cela nous permet de voir un autre aspect de sa personnalité, peut-être la plus vraie et on n’a pas l’impression d’avoir affaire à un libertin ou quelqu’un de frivole, non bien au contraire, il est intelligent, sait ce qu’il vaut (notamment dans la 1ere nouvelle quand un nouveau peintre arrive). Je l’ai trouvé très intéressant et on en apprend plus sur sa manière d’être dans la 3e nouvelle, comme elle est plus longue et qu’il cherche à comprendre ce qui se passe. On n’a plus affaire à un peintre, mais comme à un enquêteur… Dans la 2e nouvelle, il racontait davantage la vie d’un homme, dont il s’est retrouvé mêlée, plutôt qu’un épisode de sa propre vie (ce qui était davantage le cas dans la 1ere nouvelle).

L’autre personnage important est Hécate Rains, mais je pensais qu’elle serait davantage présente. Elle est un modèle d’Axel, mais également son ami. Dans la 1ere nouvelle, on les voit tous les deux en train de boire et de raconter l’arrivée de personnes, notamment de ce nouveau peintre dont Axel n’a jamais vu les œuvres… Elle est importante dans la vie d’Axel, on le perçoit et pourtant, par moment elle s’efface, elle est mystérieuse et on ne saisit pas bien qui elle est, ce qui fait un peu son charme. D’autres personnages reviennent dans les trois nouvelles, (vu que ça se passe à Mnémosyne, il est normal de retrouver les mêmes notables).

L’auteur parvient à nous emmener dans son propre monde avec une facilité déconcertante. J’aurai beaucoup aimé voir les peintures de Claudius Jaseph ou encore la musique de Conrad Othman car telle qu’on nous les décrit, cela doit être magnifique, envoûtant et je suis bien curieuse de voir ce que ça aurait pu donner pour en donner plus d’intensité. Mais il ne faut pas croire, les mots de l’auteur parvienne parfaitement à nous faire ressentir cela, à nous emporter dans le côté surnaturel de ces deux arts. Il mélange les arts, mais aussi la philosophie, car une véritable réflexion peut se faire, notamment avec la 3e nouvelle, mais dans l’ensemble, cela nous montre jusqu’où l’homme est capable d’aller afin de posséder quelque chose, quelque soit sa forme.

L’écriture de l’auteur est vraiment magnifique, poétique et on lit avec un certain plaisir ces nouvelles. Le titre du recueil est La muse égarée, dans un premier temps, je pensais qu’il s’agissait de celui d’une des nouvelles, mais il n’en est rien. Je trouve que le titre est bien trouvé, car dans chacun des textes, il est question de muse, quelque soit sa forme et son importance. Je trouve que c’est assez poétique et ça correspond bien à ce recueil.

En tout cas, j’ai beaucoup aimé ce recueil, bien que surprise par la place que prenait la dernière nouvelle par rapport aux autres, cela ne m’a pas dérangé, je les ai toute appréciées à leur juste valeur. En général, les nouvelles ne sont jamais des textes très longs, alors ça peut être frustrant de ne pas avoir plus de détails, mais ici, je trouve que l’auteur s’en sort très bien et que les textes se suffisent à eux même. Et la dernière nouvelle, nous permet de faire durer le moment, de nous perdre également pour mieux nous surprendre afin de voir l’ampleur de toute cette histoire.

Commentaires

  1. Il m'a l'air sympas à lire. En tout cas j'adore la couverture ! Merci pour cette chronique ! ;)

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