L’Honneur des Ombres de Nicolas Cluzeau

Quatrième de couverture

« Dolunay caresse l’écorce des arbres et les racines, joue à nouveau avec l’herbe, la terre. L’influx tellurique est fort, comme un appel. Elle s’humecte les lèvres, prise d’une fièvre soudaine. La terre semble s’ouvrir sous son corps, des milliers de filaments colorés parcourent le sol, dans des profondeurs infinies. Des êtres vivants la toisent : lombrics, taupes, insectes. Les airs s’illuminent, une chouette perchée sur une branche haute se tourne vers elle. 
Que m’arrive-t-il ? Pourquoi ? se dit-elle. Comment puis-je voir tout cela ? Suis-je malade ? Folle ? »

Istanbul, été 2016. Pour comprendre la nature des cauchemars qui la hantent, Dolunay décide, accompagnée de son petit-ami et de son frère, de s’introduire dans les ruines de Rumeli Hisari, citadelle bâtie sur d’antiques fortifications. Au plus profond d’un tombeau oublié, la jeune fille découvre son héritage chamanique. Mais cette même nuit, un coup d’état contre le Reis déclenche une vague de panique dans la ville… 

 Mon avis 

L’Honneur des Ombres est le dernier né de Nicolas Cluzeau dont j’avais pu apprécier les précédents ouvrages (Le Dit de Cythèle, Chroniques d’une magie annoncée ou Les extravagantes enquêtes et aventures d’Harmelinde et Deirdre de Crommlynk et Les Chroniques de la Mort Blanche). D’ailleurs, il va falloir que je termine Les Chroniques de la Mort Blanche, histoire de terminer la série parce que le premier tome était prometteur. J’étais donc curieuse de voir ce que ce nouveau livre pouvait donner et je dois dire que ça a été une lecture plaisante, même si j’ai des petites choses à redire dessus.

 Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit, d’autant que les événements arrivent assez vite pour comprendre l’histoire. Dès les premières pages, Nicolas Cluzeau nous plonge dans son univers, on ne sait pas trop où l’on met les pieds et puis petit à petit les éléments se mettent en place. Nous découvrons la vie Dolunay, sa famille, son petit-ami Azad, des phénomènes étranges l’entoure avec notamment des rêves d’une ancienne déesse avec tout un monde de magie lié au chamanisme. 

 L’intrigue est bonne et bien menée, pour ceux qui aiment quand l’action arrive très rapidement et que tout s’enchaîne, vous allez être servis. On n’a pas le temps de s’ennuyer, on voit en parallèle les « deux histoires », celle de la quête de Dolunay sur ses rêves, sur elle-même car elle se sait différente (même si on ignore à quel point avant un bon moment) et de l’autre, l’attaque contre Erdogan, le gouvernement en place. 

 J’ai trouvé que ces deux facettes de l’histoire étaient intéressantes, ça nous plonge dans une réalité très concrète. L’auteur mentionne dans des notes en bas de pages certaines références « historiques » qui s’y sont déroulées il y a quelques années (comme il vit sur place, il sait de quoi il parle). Et en même temps, on a toute cette partie plus fantastique, lié à Dolunay mais j’avoue que j’aurai aimé en savoir un peu plus sur cette partie-là. 

Je regrette un peu que ce ne soit pas plus long, plus approfondi. J’ai trouvé l’univers super intéressant, assez complexe et je trouve ça dommage que l’auteur n’ait pas pris plus de temps pour nous présenter tout ça. J’ai eu la sensation par moment de manquer d’informations et de détails alors que ça promettait quelque chose de très riche. J’ai trouvé aussi que parfois ça allait un peu vite dans l’intrigue, Dolunay accepte un peu trop facilement ce qui lui arrive, tout comme la maîtrise de ses pouvoirs. 
C’est le bémol pour moi de l’histoire, ce que j’avais à y redire, sans quoi j’ai passé un bon moment de lecture. J’ai trouvé cette histoire vraiment intéressante et originale. 

Les personnages sont intéressants et attachants, à commencer par Dolunay qui voit sa vie voler en éclat. Les secrets de famille sont nombreux ici et j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à cela. Elle est forte et va aller au-devant du danger pour comprendre qui elle est, et aussi pour protéger ceux qu’elle aime. Azad, son petit-ami va être un soutien pour elle et lui aussi à des choses à cacher, je l’ai trouvé intéressant comme personnage. 

 En bref, L’Honneur des Ombres est un roman qui m’aura bien plu, même si je regrette un peu que ce ne soit pas plus approfondi en ce qui concerne la mythologie, j’aurai aimé en avoir plus, comme dans l’intrigue. Elle reste bonne et bien menée, mais j’en voulais plus car je trouve que certaines choses vont un peu trop vite et qu’on ne fait qu’effleurer cet univers qui est pourtant original et prenant. L’Honneur des Ombres mêlent les genres, avec toute une partie très concrète sur la vie en Turquie et une part de surnaturelle qui n’est pas pour me déplaire. Une lecture agréable que je vous conseille tout de même.

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