Des poings dans le ventre de Benjamin Desmares

Quatrième de couverture

« Ba-Ba-Bam. »
Trois coups.
Trois directs dans le ventre qui vous coupent le souffle. C'est sa signature. Celle de Blaise, dont la violence déborde de partout.
Il cogne fort, n'importe qui, au hasard, au collège et ailleurs, de jour comme de nuit.
Bien enfoui derrière cette colère se cache autre chose... mais Blaise le sait-il ?

Mon avis

Après avoir lu Le Secret des Morriganes j’avais envie d’une petite lecture, je ne savais pas quoi prendre jusqu’à ce que mon regard se pose sur Des poings dans le ventre, un roman que j’avais envie de découvrir depuis un bon moment. En effet, j’avais lu de l’auteur Une histoire de sable que j’avais bien apprécié et quand j’ai vu qu’il sortait un nouveau roman j’étais curieuse de le découvrir. Mais vous vous doutez bien qu’avec toutes les sorties et une PAL qui est de plus en plus monstrueuses le temps passant (même si en ce moment, elle descend bien !) je n’avais pas eu le temps de me pencher dessus. C’est d’autant plus frustrant quand on voit que ce roman n’est vraiment pas très long (moins de 80 pages) donc il aurait pu être lu entre deux livres.

Quoi qu’il en soit, j’ai fini par le lire et je dois dire que j’ai plutôt bien apprécié cette lecture. C’est très différent de son autre roman Une histoire de sable, cela n’a rien à voir mais c’était une lecture intéressante même si je suis un petit peu frustrée de cette fin qui m’a laissé sur ma faim. Ce roman s’apparente davantage à une novella étant donné son nombre de pages et donc, on ne fait que survoler et s’immiscer dans la vie de Blaise pendant un instant furtif, sans avoir de « conclusion » mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce roman. Je sais, c’est un peu contradictoire ce que je dis, puisque je trouve ça trop court et furtif et en même temps, cela laisse la possibilité au lecteur d’imaginer la suite, ce qu’il pourrait advenir de cet adolescent, qui est tout simplement perdu.

La particularité du roman est aussi qu’il est écrit à la 2e personne, le « tu » prends ainsi place et crée un certain détachement avec le personnage principal et en même temps, j’avais la sensation que ce « tu » n’était autre que Blaise adulte qui revient sur un pan de son histoire. C’est comme ça que je l’ai vu en tout cas. En tout cas, c’est assez particulier comme narration, ça change et ça apporte une autre dimension à l’histoire où l’on est impliqué dans cette histoire, sans vraiment l’être totalement puisque ce n’est pas le personnage qui prend la parole et nous délivre son histoire.

Blaise est un adolescent violent qui cherche la bagarre mais on comprend assez rapidement qu’il est perdu, qu’il n’a pas d’autres moyens pour communiquer son mal être. Personne ne semble à même de le comprendre, les autres le voyant comme un adolescent à problèmes qu’il faut éviter, presque laisser tomber. Et son attitude le laisse à penser, qu’il se fiche de tout, que rien n’a d’importance et cette attitude de petite frappe est tout ce qu’il lui reste. Cette violence est pour lui la seule manière de s’exprimer, mais pourquoi ? Que veut-il dire ? Que cherche-t-il.

À mesure de l’histoire, on finit par comprendre la nature de son problème, j’avoue que je ne m’attendais pas à ça. quand je lisais, et en fonction des nouveaux éléments qui nous étaient révélés, j’imaginais tout autre chose, quelque chose de bien plus glauque, heureusement ce n’était pas ça. mais ça n’en reste pas moins douloureux et difficile pour l’adolescent qui n’a besoin que d’une chose : qu’on lui tende la main, qu’on essaye de le comprendre. Encore faut-il qu’il se laisse faire…

Dans un premier temps, on ne peut pas apprécier Blaise, son comportement, sa manière d’agir, de frapper ne nous le rend pas sympathique, loin de là mais à mesure, on apprend à le connaître et à comprendre qu’il est en souffrance. Et qu’il n’a pas d’autres moyens pour l’exprimer et faire comprendre qu’il y a un problème, lui qui a peur des mots et de s’exprimer, des mots qui n’osent pas sortir non plus.

En bref, Des poings dans le ventre est une histoire touchante et dure à la fois. Si dans un premier temps, Blaise nous paraît antipathique au possible, rapidement, on finit par comprendre que c’est juste un adolescent perdu, qui n’a pas d’autres moyens de s’exprimer que par les coups qu’il porte. Une absence de mots qui lui sont douloureuses et dont il n’a pas trouvé d’autres moyens pour faire comprendre son mal-être qu’en étant violent. Une histoire un peu frustrante car on n’a pas véritablement le fin mot de cette histoire, et en même temps cela laisse la possibilité au lecteur d’imaginer la suite et ce n’est peut-être pas plus mal de saisir juste cet instant furtif dans la vie de cet adolescent.

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