À contre-corps de Louison Nielman

Quatrième de couverture

Angèle, interne en classe de 4ème, aimerait retarder les métamorphoses de son corps. Timide, introvertie et mal dans sa peau, elle voit d’un mauvais œil l’arrivée de Loélie dans sa chambre, à qui elle doit faire une place à contre-cœur.

Expansive, apparemment en paix avec son corps aux formes généreuses, Loélie vient crever l’écran de tranquillité et de pudeur d’Angèle. Telle un roc inébranlable, elle n’hésite pas à remettre à leur place ceux qui osent lui faire une réflexion.

Mais, Angèle réalise peu à peu que sous cette carapace, Loélie abrite aussi ses souffrances et ses secrets...

Mon avis

Après avoir lu Scandale au bal, je me suis lancé dans À contre-corps que je venais de recevoir. Je savais que la lecture en serait rapide donc je l’ai lu dans la soirée. C’était une lecture intéressante autour de l’adolescence et des changements qui s’opèrent à ce moment-là, notamment la transformation du corps, l’image qu’on en a et ce que les autres voient…

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire qui est écrite du point de vue d’Angèle.

Angèle est interne dans son collège et dans un cursus de danse. Elle est adolescente et commence à voir des changements dans son corps, mais elle n’est pas prête, pas prête à devenir une femme, à assumer les premières formes et tout ce qui va s’en suivre. Elle est loin de l’être par rapport à Loélie qui vient d’arriver dans son collège et qui va devoir partager sa chambre à l’internat. Elle, a des formes, bien définies, elle est même en surpoids et cela va engendrer des remarques sexistes, blessantes, la définissant uniquement par ses courbes que par sa personnalité. Comme si son corps la définissait avant ce qu’elle est, à l’intérieur. Loélie s’assume pleinement et n’hésite jamais à remettre les autres à sa place et en même temps, elle manque d’assurance pour d’autres choses. On va vite découvrir qu’elle aussi à des failles…

Comme tous les adolescents en vérité. Personne n’est jamais satisfait de son corps, de son rapport à lui durant l’adolescence. On envie les autres mais les autres aussi nous envies pour différentes choses. Ce qu’il faut : c’est s’accepter tel qu’on est, plus facile à dire qu’à faire et même passer l’adolescence ça peut rester compliqué au quotidien quand on ne rentre pas dans les « normes ». Grand débat sur ce sujet que je n’évoquerai pas ici, il y aurait tellement à dire…

En tout cas, c’est un texte intéressant par les messages qu’il véhicule, cette bienveillance sur le rapport au corps, les changements qui s’opèrent à l’adolescence. Même si ça doit passer par des moments plus douloureux avec toutes les remarques possibles et inimaginables, notamment envers le corps féminin pour faire prendre conscience de tout ça. Et bizarrement (non), on en fait moins cas chez les garçons, qui eux aussi changent lors de la puberté. Tout le monde ne grandit pas à la même vitesse, chacun y va à son rythme, prend son temps, ce n’est pas non plus une course et ça, Angèle va en prendre conscience au cours de cette histoire, lui laissant le temps de se préparer à ça, sachant qu’elle n’est pas seule et sera toujours soutenue.

Les personnages sont attachants et sympathiques. Au début, Angèle est très renfermée sur elle-même, au point qu’elle peut paraître antipathique parce qu’elle est froide envers Loélie qui est plutôt avenante. La cohabitation forcée va lui permettre de s’ouvrir un peu plus, de prendre un peu plus d’assurance en voyant celle de Loélie. Même si comme je l’ai dit, elle n’est pas sans faille, bien au contraire. Mais toutes les deux vont s’ouvrir l’une à l’autre, apprendre à se connaître et montrer tout leur potentiel en devenir.

En bref, À contre-corps est un roman que j’ai pris plaisir à lire. L’intrigue est bonne et bien menée, c’est simple mais efficace dans le genre. Le message passe clairement et aborde avec une certaine justesse l’adolescence et les changements qui s’opèrent. Un roman sur les transformations du corps et le regard que l’on porte dessus mais aussi celui des autres sur le nôtre et qui, du moment ne correspond pas aux « normes » finit par être moqué et discriminé. Une période difficile et compliquée pour s’accepter pleinement dans ces cas-là mais grâce à l’assurance de Loélie, Angèle va pouvoir mieux appréhender ces changements qui lui font peur, elle qui s’assume pleinement comme elle est, même si ce n’est pas toujours facile et qu’il peut exister d’autres failles. On envie souvent les autres pour ce qu’ils ont, mais la réciproque est vraie… Donc autant assumer et s’accepter tel que l’on est, non ?

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