Ma mère m’a mis le deal entre
les mains dès la fin du premier trimestre de seconde : soit je remontais ma
moyenne générale de deux points, soit j’étais inscrit d’office à une option
cette année. Il aurait suffi que je bosse un peu... Mais ça ! Faut croire que
mes profs ont raison, je suis partisan du moindre effort. Le seul truc auquel j’ai
échappé, c’est d’aller faire du russe ou du badminton dans un lycée à l’autre
bout de Paris. Quitte à me taper une option, je voulais pas me faire des
transports en plus. Résultat des courses : LSF.
— Quoi ? j’ai dit la
première fois que ma mère m’a parlé de ça.
— LSF, langue des signes
française.
— Mais pour quoi faire ? C’est
pour les sourds, la langue avec les mains. Je suis pas sourd. Franchement, j’ai
même jamais croisé un sourd de ma vie. A quoi ça va me servir d’apprendre la
LSF ?
— A avoir des points au bac !
— Mais maman... !
Mon
avis
Ayant fini sur le trajet aller du boulot Les Nocturnes, je devais prendre un
autre livre pour le trajet retour. Ayant beaucoup de livres dans ma PAL
(euphémisme quand tu nous tiens), je ne voulais pas m’encombrer d’un gros livre
qui allait me faire plusieurs jours, raison pour laquelle mon choix s’est porté
sur Direct du cœur qui est un livre
qui me tentait depuis sa sortie mais dont je n’avais pas encore eu l’occasion
de lire. C’était donc le moment où jamais de me lancer dans cette histoire et
je dois dire qu’elle m’a beaucoup plu. C’est un roman vraiment intéressant que
je vous invite à découvrir.
Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de
couverture (qui correspond à un extrait du roman) est suffisamment explicite
pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour
s’en rendre compte.
Il s’agit d’un roman court, à peine 200 pages et vous savez
à quel point je préfère de loin les gros pavés, à coup de description et de
détails, et pourtant, je trouve que ce livre est suffisant, tout est dit en si
peu de pages. Le message passe parfaitement, pas de sentiment de trop peu
(alors que bien souvent j’ai cette sensation là pour des romans si courts).
L’écriture de l’autrice est très agréable à lire, fluide et
très orale. On a vraiment la sensation d’entendre Timothée parler, à sa
manière, de manière directe et franche, sans filtre. On comprend d’ailleurs
pourquoi le roman s’appelle ainsi, je n’en dirai pas plus pour vous laisser la
surprise. À la manière d’un enfant un peu naïf, bien que ce soit un adolescent
de 17 ans, il dit les choses sans réfléchir et cela peut le rendre un peu
« lourd » aux yeux des autres, notamment des filles de son groupe de
LSF. Mais il reste un personnage attachant malgré tout et l’apprentissage de
cette langue va l’ouvrir sur un autre monde dont il ignore tout, celui des
Sourds et cela va le changer profondément, bien plus qu’il ne le pensait.
C’est une lecture intéressante car avec son franc parler et
sa naïveté, on a ici un regard totalement extérieur sur la Communauté des
Sourds, et il se pose des questions qui peuvent paraître bêtes lorsqu’on
connaît la réponse et pourtant… Je suis certaine que beaucoup de personnes
entendantes peuvent avoir les mêmes a
priori et clichés sur les Sourds puisqu’on ignore tout de cette communauté.
Une de ses questions est sur le fait que la langue des signes soit une langue
internationale. On pourrait le croire, ce serait tellement pratique si tout le
monde, à travers des signes pouvaient communiquer, sauf que non, chaque pays a
sa propre langue, comme la langue parlée en fait, ce qui paraît logique.
Une immersion totale dans la Communauté est faite, car sa
professeure est elle-même sourde, pas un mot ne doit être prononcé et elle les
emmène aussi dans des lieux afin de rencontrer d’autres sourds et communiquer
avec eux avec ce qu’ils ont appris. J’ai trouvé cet aspect-là vraiment
intéressant car Timothée va se faire de nouveaux amis et apprendre à connaître
d’autres gens et plus si affinités…
Mais en dehors de cette option qui va lui prendre plus de
temps et lui permettre de faire d’autres rencontres, il y a la vie quotidienne
de Timothée, avec sa mère et ce père absent qui va réapparaître. J’avoue que j’ai
eu quelques envies de meurtre envers son père qui est franchement une ordure,
et on comprend parfaitement pourquoi Timothée se braque en sa présence et
préfère l’ignorer. Sa relation avec sa mère est très touchante, même si lorsqu’il
apprend qu’il doit prendre une option en plus pour mettre toutes ses chances de
côté – la confiance règne, mais à raison – on voit qu’elle aime son fils et qu’elle
est prête à tout pour lui. Ils ont une relation assez fusionnelle malgré les
petites tensions qui peuvent parfois apparaître.
Timothée, durant cette année va vraiment grandir et évoluer.
Un adolescent quelque peu flemmard et un peu lourd, va vraiment s’ouvrir au
monde, à essayer de comprendre les autres. On prend plaisir à le redécouvrir à
travers cette histoire et quand on voit ce qu’il fera par la suite, on ne peut
que l’apprécier encore un peu plus. On ne peut que s’attacher à cet adolescent
qui semble un peu perdu et ne sait pas trop quoi faire de sa vie, mais une
année, où tout va changer.
En bref, Direct du cœur
est une histoire touchante que j’ai pris grand plaisir à lire. C’est l’histoire
d’un adolescent un peu naïf qui va prendre conscience du monde dans lequel il
vit. Avec son immersion dans le monde des Sourds, il va en apprendre beaucoup
sur lui, sur les autres et à s’interroger sur le monde et il finira par trouver
sa voie. Un roman que je vous invite vivement à découvrir.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Vous êtes bien sur la messagerie écrite de Melisande.
Veuillez laisser un message après le bip écrit car elle est partie lire !
***biiip***