Direct du cœur de Florence Medina

Quatrième de couverture

Ma mère m’a mis le deal entre les mains dès la fin du premier trimestre de seconde : soit je remontais ma moyenne générale de deux points, soit j’étais inscrit d’office à une option cette année. Il aurait suffi que je bosse un peu... Mais ça ! Faut croire que mes profs ont raison, je suis partisan du moindre effort. Le seul truc auquel j’ai échappé, c’est d’aller faire du russe ou du badminton dans un lycée à l’autre bout de Paris. Quitte à me taper une option, je voulais pas me faire des transports en plus. Résultat des courses : LSF.
— Quoi ? j’ai dit la première fois que ma mère m’a parlé de ça.
— LSF, langue des signes française. 
— Mais pour quoi faire ? C’est pour les sourds, la langue avec les mains. Je suis pas sourd. Franchement, j’ai même jamais croisé un sourd de ma vie. A quoi ça va me servir d’apprendre la LSF ?
— A avoir des points au bac !
— Mais maman... !

Mon avis

Ayant fini sur le trajet aller du boulot Les Nocturnes, je devais prendre un autre livre pour le trajet retour. Ayant beaucoup de livres dans ma PAL (euphémisme quand tu nous tiens), je ne voulais pas m’encombrer d’un gros livre qui allait me faire plusieurs jours, raison pour laquelle mon choix s’est porté sur Direct du cœur qui est un livre qui me tentait depuis sa sortie mais dont je n’avais pas encore eu l’occasion de lire. C’était donc le moment où jamais de me lancer dans cette histoire et je dois dire qu’elle m’a beaucoup plu. C’est un roman vraiment intéressant que je vous invite à découvrir.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture (qui correspond à un extrait du roman) est suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte.

Il s’agit d’un roman court, à peine 200 pages et vous savez à quel point je préfère de loin les gros pavés, à coup de description et de détails, et pourtant, je trouve que ce livre est suffisant, tout est dit en si peu de pages. Le message passe parfaitement, pas de sentiment de trop peu (alors que bien souvent j’ai cette sensation là pour des romans si courts).

L’écriture de l’autrice est très agréable à lire, fluide et très orale. On a vraiment la sensation d’entendre Timothée parler, à sa manière, de manière directe et franche, sans filtre. On comprend d’ailleurs pourquoi le roman s’appelle ainsi, je n’en dirai pas plus pour vous laisser la surprise. À la manière d’un enfant un peu naïf, bien que ce soit un adolescent de 17 ans, il dit les choses sans réfléchir et cela peut le rendre un peu « lourd » aux yeux des autres, notamment des filles de son groupe de LSF. Mais il reste un personnage attachant malgré tout et l’apprentissage de cette langue va l’ouvrir sur un autre monde dont il ignore tout, celui des Sourds et cela va le changer profondément, bien plus qu’il ne le pensait.

C’est une lecture intéressante car avec son franc parler et sa naïveté, on a ici un regard totalement extérieur sur la Communauté des Sourds, et il se pose des questions qui peuvent paraître bêtes lorsqu’on connaît la réponse et pourtant… Je suis certaine que beaucoup de personnes entendantes peuvent avoir les mêmes a priori et clichés sur les Sourds puisqu’on ignore tout de cette communauté. Une de ses questions est sur le fait que la langue des signes soit une langue internationale. On pourrait le croire, ce serait tellement pratique si tout le monde, à travers des signes pouvaient communiquer, sauf que non, chaque pays a sa propre langue, comme la langue parlée en fait, ce qui paraît logique.

Une immersion totale dans la Communauté est faite, car sa professeure est elle-même sourde, pas un mot ne doit être prononcé et elle les emmène aussi dans des lieux afin de rencontrer d’autres sourds et communiquer avec eux avec ce qu’ils ont appris. J’ai trouvé cet aspect-là vraiment intéressant car Timothée va se faire de nouveaux amis et apprendre à connaître d’autres gens et plus si affinités…

Mais en dehors de cette option qui va lui prendre plus de temps et lui permettre de faire d’autres rencontres, il y a la vie quotidienne de Timothée, avec sa mère et ce père absent qui va réapparaître. J’avoue que j’ai eu quelques envies de meurtre envers son père qui est franchement une ordure, et on comprend parfaitement pourquoi Timothée se braque en sa présence et préfère l’ignorer. Sa relation avec sa mère est très touchante, même si lorsqu’il apprend qu’il doit prendre une option en plus pour mettre toutes ses chances de côté – la confiance règne, mais à raison – on voit qu’elle aime son fils et qu’elle est prête à tout pour lui. Ils ont une relation assez fusionnelle malgré les petites tensions qui peuvent parfois apparaître.

Timothée, durant cette année va vraiment grandir et évoluer. Un adolescent quelque peu flemmard et un peu lourd, va vraiment s’ouvrir au monde, à essayer de comprendre les autres. On prend plaisir à le redécouvrir à travers cette histoire et quand on voit ce qu’il fera par la suite, on ne peut que l’apprécier encore un peu plus. On ne peut que s’attacher à cet adolescent qui semble un peu perdu et ne sait pas trop quoi faire de sa vie, mais une année, où tout va changer.

En bref, Direct du cœur est une histoire touchante que j’ai pris grand plaisir à lire. C’est l’histoire d’un adolescent un peu naïf qui va prendre conscience du monde dans lequel il vit. Avec son immersion dans le monde des Sourds, il va en apprendre beaucoup sur lui, sur les autres et à s’interroger sur le monde et il finira par trouver sa voie. Un roman que je vous invite vivement à découvrir.

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