L'Ombre du Shinobi de Valérie Harvey (Kagi 2)

Quatrième de couverture

La paix est rétablie dans l’Hokkaidô qui respire enfin. Mais lorsque Yûmi, délurée et intrépide, met à jour d’anciens secrets, la succession de l’empire est menacée. Une rencontre déterminante faite par Taku, son grand frère, pourrait chambouler à la fois la vie intime du garçon et l’avenir du pays.

Plus de 10 ans après l’action mise en scène dans Les Fleurs du Nord, on retrouve des membres de la famille Kagi, maintenant adolescents, aux prises avec des enjeux actuels comme l’ouverture à la différence, l’intimidation et le féminisme, dans un Japon historique fictif. Taku et Yûmi, confrontés aux préjugés et aux attentes de leur société, osent tracer leurs voies avec fougue, sensibilité et singularité.

Mon avis

Durant mes vacances (un bref séjour vers la mer), j’avais emmené 3 livres dont L’Ombre du Shinobi que je me réservais à cette occasion puisque j’avais lu Les Fleurs du Nord (le premier tome) l’année dernière lors de mes vacances en Tunisie. Je m’étais dit que c’était une bonne idée de poursuivre l’histoire de cette famille si unique durant cette période. Et une fois de plus j’ai été conquise. Si vous ne connaissez pas ces romans, je vous invite vivement à les lire parce qu’ils sont vraiment très bons.

L’Ombre du Shinobi est donc la suite des Fleurs du Nord où l’on continue la découverte de la famille Kagi, ce qu’ils ont œuvré pour leur pays, l’évolution de leur famille et des mœurs. On avait pu voir avec Midori et Tatsuké de grand changement mais avec leur fille Aki, on avait atteint un autre niveau. Je peux vous affirmer avec les enfants d’Aki, Yûmi et Taku, c’est encore un autre stade. Des idées des progressistes pour l’époque donnée : féminisme, droit à la différence avec une certaine ouverture d’esprit. Je pense que ces thèmes-là parleront beaucoup et plairont au plus grand nombre.

Ainsi, comme dans Les Fleurs du Nord, l’histoire se déroule sous forme de 3 chroniques (3 parties) où l’on va voir Yûmi et Taku confrontés à leur destin. Étant donné le nom légendaire de la famille Kagi, il ne pouvait pas en être autrement pour ces deux descendants qui vont marquer l’Histoire de ce Japon fictif.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4^e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte et cela ne fait jamais de mal de se lancer à l’aveugle, surtout quand il s’agit d’une suite. Ce n’est pas nécessaire de savoir ce que l’on va lire, autant faire confiance à l’autrice et se laisser emporter par sa plume, qui, une fois de plus est des plus exquises.

C’est un univers vraiment dépaysant car j’ai lu peu de choses se déroulant au Japon, on découvre leur coutume, un contexte politique plutôt apaisé après des années de guerre. Mais tout va être mis à mal lorsque Yûmi va découvrir un message caché. J’ai adoré me replonger dans cet univers et retrouver la famille Kagi dont les membres sont des têtes brûlées intrépides. Quand on voit les grands-parents, on comprend aisément pourquoi la fille puis les petits-enfants ont ce même trait de caractère. Et tant mieux, cela fait plus d’aventure et donne un intérêt à l’histoire car on s’attache énormément aux différents membres de cette famille.

Si L’Ombre du Shinobi est différent des Fleurs du Nord, du fait du contexte politique plus « apaisé dans l’ensemble », l’autrice se concentrant ainsi davantage sur les personnages et leur histoire personnelle. On a ici un peu moins de politique, mais cela ne m’a pas empêché de beaucoup apprécier ce roman puisque les personnages sont des plus attachants et sympathiques, à l’image de leurs parents et grands-parents que l’on a pu découvrir plus en détails.

Yûmi et Taku ont vraiment deux caractères bien distincts, le frère aîné (Taku) est plus réfléchi, porté sur les combats, en même temps, il a dû apprendre à se battre assez vite à cause de la guerre. Il est assez droit et a des idées préconçus quand Yûmi est plus tête brûlée. Elle fonce parfois sans réfléchir aux conséquences et veut prouver qu’elle est capable de faire beaucoup de choses, comme les hommes. Le fait qu’il y ait des femmes parmi les guerriers est un vrai signe distinctif de la famille Kagi. Ils ont mis à mal tout le système mais quand on voit ces femmes, il ne pouvait pas en être autrement.

Ils ont beau être différents, on s’attache à eux et on espère que tout se déroule pour le mieux pour eux deux, qu’ils puissent être ce qu’ils sont destinés à devenir et être heureux. Le chemin sera long et périlleux par moment, ils vont prendre conscience de certaines choses et être mis à rude épreuve. Mais on sait que ça sera pour un avenir meilleur et du changement dans les mentalités et dans cette société.

Ma seule « déception » dans ce roman (qui n’en est pas vraiment une) est qu’il ne soit pas plus long. Il a été bien trop vite lu à mon goût mais il faut dire que c’est tellement prenant et intéressant que je n’ai pas pu m’empêcher de le dévorer pour savoir ce qui allait se passer. Je n’aurai pas été contre l’idée d’avoir des chroniques avec davantage de détails et d’éléments politiques comme dans Les Fleurs du Nord. Mais comme je l’ai dit, le contexte historique est bien différent et l’autrice s’est attardée sur d’autres aspects plus sociologiques, ce qui n’est pas pour me déplaire. C’était tout aussi intéressant et prenant et l’on voit à quel point la famille Kagi fait bouger les choses.

Par ailleurs, l’histoire se déroule dans un temps plus restreint, si dans Les Fleurs du Nord, on suivait plusieurs années entre chaque chronique, le laps de temps ici est assez court (sur deux ans), donc difficile d’avoir une vue d’ensemble plus large. Je vous conseille vraiment cette série, dont il me tarde de lire le 3^e tome (qui est en cours d’écriture de ce que m’a affirmé l’autrice récemment).

Sinon, une petite mention d’ordre esthétique, le premier tome était en poche, celui-là en semi-format (bien plus grand), ça fait moche dans la bibliothèque et casse la collection. Je suis tristesse… Mais tant pis, je ne pouvais pas passer à côté de ce roman, à espérer que le 3^e tome soit dans le même format que celui-là, sinon la « trilogie » (je ne sais pas combien de tomes l’autrice compte faire) risque d’être vraiment dépareillée.

En bref, L’Ombre du Shinobi a été une très bonne lecture pour moi. Ça a été un plaisir de retrouver la plume de l’autrice ainsi que son univers si particulier autour de cette famille extraordinaire et incroyable. La famille Kagi est puissante et connue de tous, chaque membre a du caractère et une incroyable force qui les pousse à dépasser leur limite et à se surpasser. Une série que je vous conseille grandement tant c’est prenant et passionnant. On y trouve, de l’aventure, de l’amour et des idées très progressistes pour l’époque (féminisme, droit à la différence, etc.). Une saga à suivre dont il me tarde de lire le 3^e tome !