Dysfonctionnelle d'Axl Cendres

Quatrième de couverture

Fidèle grandit dans une famille résolument dysfonctionnelle. Son père, kabyle, enchaîne les allers-retours en prison et sa mère, fervente catholique, ceux à l’asile. Malgré tout, elle s’épanouit, entourée de ses six frères et sœurs aux personnalités fortes et aux prénoms panachés : JR, Dalida, Jésus... Cette tribu demeure au Bout du Monde, le bar familial à Belleville, théâtre de leurs joies et de leurs peines. Jusqu’au jour où, reconnue intellectuellement précoce, Fidèle est envoyée dans un lycée des beaux quartiers.

Dans cet autre bout du monde, les élèves se nomment Apolline ou Augustin et regardent de haut son Perfecto, ses manières de chat de gouttière et ses tee-shirts Nirvana. Mais c’est aussi là que l’attend l’amour, le vrai, celui qui forme, transforme... Celui qui sauve.

Mon avis

Après avoir lu Les papillons de Kobé, je me suis lancé dans Dysfonctionnelle, un roman qui me fait de l’œil depuis longtemps et que l’on m’a souvent recommandé. J’ai donc profité de cette réédition poche pour le découvrir et franchement, je ne pensais pas adhérer à ce point. Je l’ai dévoré et j’ai tout simplement adoré. Il est vrai que la famille de Fidèle est dysfonctionnelle, mais c’est sa famille et elle nous la présente sur plusieurs années, avec ses joies et ses peines.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. Je découvre totalement l’autrice avec ce roman, même si je la connaissais de nom, je ne l’avais encore jamais lue et je dois dire que je regrette un peu (et regrette au passage sa disparition) car elle a une manière de raconter les histoires qui nous touchent en plein cœur.

Je tâcherai de lire Cœur battant qui promet d’être intéressant. En tout cas, c’est une écriture très fluide, très bien écrit, et en un rien de temps, on rentre dans l’histoire, dans celle de cette famille hors norme, totalement dysfonctionnelle, qu’on ne peut pas s’empêcher d’apprécier et d’aimer malgré tout.

La narration est du point de vue de Fidèle, si bien que l’on est au plus près de cette héroïne et de cette famille car c’est aussi avec son cœur qu’elle nous la présente, avec ses joies et ses peines, ses qualités et ses défauts. Ainsi, les premiers chapitres nous permettent de rencontrer un par un les membres de cette famille, de cette grande fratrie, même si elle ne le fait pas nécessairement dans l’ordre. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont tous des prénoms originaux, certains plus durs à porter que d’autres et qu’ils sont aussi très différents les uns des autres.

La rencontre entre ses parents prête à sourire. Elle paraît improbable, un couple qui n’aurait jamais dû se rencontrer et pourtant, ils ont pu fonder une grande famille, même si très rapidement, on va comprendre qu’elle est loin d’être ordinaire. Entre le passif de la mère qui lui prévaut quelques aller-retours à l’hôpital à cause de traumatisme et qui est devenue pieuse dans la foi catholique (alors qu’elle est juive), le père qui fait des allers-retours en prison car il est toujours là au « mauvais moment ». Son oncle qui a toujours des solutions à tous les problèmes, l’homme sage de la famille et des amis avec des plans, toujours un peu foireux. Quant à la fratrie, ils ont tous leur caractère, leur déboire, ils sont vraiment très différents les uns des autres et vont en faire voir de toutes les couleurs.

C’est à se demander comment Fidèle a pu grandir dans cet environnement et être saine d’esprit car d’un point de vue extérieur, ça n’a rien d’équilibré et si on ignore certaines choses, on se doute qu’ils n’ont pas toujours eu une enfance facile… Fidèle pourtant va suivre son bonhomme de chemin, découvrir de nombreuses choses mais une chose est sûre, elle sait qui elle est, ne se cache pas (elle est lesbienne) et n’espère pas rentrer dans un moule. Elle va être un vrai pilier au sein de cette famille et maintient le tout à flot.

C’est un roman touchant qui ne peut pas nous laisser indifférent. Dès les premières lignes, j’ai été happée par cette histoire, j’avais envie de découvrir ce qui allait se passer, et même quand c’est tragique, la manière dont s’est raconté, avec un brin de légèreté fait que ça passe très bien, que ça n’est pas « si » horrible que ça, même si en vérité, ça l’est. J’ai dévoré ce roman tant il est prenant et a attisé ma curiosité. Je ne pouvais pas le lâcher, c’est complètement addictif et je comprends pourquoi on m’en avait parlé et conseillé de le lire.

Nombreux sont les sujets évoqués, la religion est présente, à ce sujet, il y a de quoi en dire puisqu’entre une mère juive qui pratique la religion catholique et incite ses enfants à aller à l’église, un père kabyle musulman pas vraiment pratiquant. On parle beaucoup des guerres, un sujet qui crée des angoisses chez la mère de Fidèle, lié à ses traumatismes d’enfant. On voit les différences culturelles, c’est un peu le choc des cultures quand Fidèle va se retrouver dans cette école privée, elle va détonner par rapport aux autres mais elle saura trouver sa place, l’amour également, même si ça n’est pas toujours facile.

En bref, Dysfonctionnelle est un roman que j’ai adoré lire. C’était une très belle découverte et si vous ne connaissez pas encore, n’hésitez pas à vous lancer dedans tant il est prenant et intéressant. C’est une famille hors norme mais on s’y attache. On suit ses joies et ses peines sur une longue période puisqu’on va de l’enfance jusqu’à l’âge adulte de Fidèle. Des personnages haut en couleur que l’on ne peut pas oublier et qui ne laisse pas indifférent. Un roman prenant et touchant qui est vraiment génial et je regrette de ne pas l’avoir lu avant. Mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ?