Les papillons de Kobé de Bertrand Puard (Kaimyō, le nom des morts 1)

Quatrième de couverture

Selon une croyance japonaise, les âmes des défunts sans kaimyō errent parmi les vivants. Ce nom honorifique, Reiko n’a jamais pu l’offrir à ses parents, parce que les circonstances de leur disparition, il y a cinquante ans, n’ont jamais été élucidées. À défaut d’avoir pu leur donner un kaimyō, il a consacré sa vie à en donner aux personnes dont la mort est nimbée de mystère. Lorsqu’il débarque à Paris pour exercer son curieux métier, il rencontre Nouria, une adolescente qui prétend communiquer avec les esprits. Alors qu’il enquête sur le décès d’une vieille Japonaise, la jeune fille devine que cette affaire est liée à ce qui est arrivé aux parents de Rieko. Les chemins de celui qui fait parler les morts avec celle qui prétend les entendre se sont-ils vraiment croisés par hasard ?

Mon avis

Après avoir lu Silence, je me suis lancé dans Les papillons de Kobé que je venais de recevoir et qui m’a vivement été recommandé. J’ai lu pas mal de romans de Bertrand Puard, même si je suis loin d’avoir tout lu, si j’avais adoré Les Effacés et la trilogie Bleu Blanc Sang, j’avais été un peu plus sceptique sur ses autres ouvrages. Mais ne désespérant pas de retrouver ce que j’avais adoré dans ces deux trilogies, je persiste à le lire et je dois dire que Les papillons de Kobé me réconcilie avec l’auteur car c’était vraiment très chouette.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’auteur est toujours aussi agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre rapidement dans l’histoire, d’ailleurs, ça n’a jamais été un souci à ce niveau-là.

L’intrigue est plutôt bonne et bien menée, même si ce n’était pas tout à fait ce à quoi je m’attendais. Étant donné le fond de l’histoire, je m’étais imaginée un tout autre scénario, néanmoins, j’ai trouvé ça vraiment intéressant et prenant. J’ai été assez surprise dans l’ensemble, je ne pensais pas que ça prendrait une telle tournure. L’action arrive assez vite, dès le prologue, on découvre ce qui est arrivé aux parents de Reiko, du moins le fait qu’ils ne soient plus là car on ne sait pas ce qui leur est arrivé. Puis on fait une ellipse de 50 ans, où Reiko débarque à Paris pour y ouvrir une nouvelle entreprise, la première hors du Japon. Et là, c’est le début d’une quête dont il était loin d’imaginer l’issue.

C’est une histoire très intrigante et prenante, j’ai beaucoup aimé. Sa rencontre avec Nouria va changer pas mal de choses et lui permettre de se faire une réputation à Paris et même en France avant d’être lancé sur une piste qui pourrait avoir un lien avec son enfance, ses parents. C’est vraiment très efficace dans le genre et quand on voit la fin... on n’a qu’une envie c’est de lire la suite. Ça devrait être interdit de faire de tel cliffhanger car si on a eu beaucoup d’éléments de réponses à nos questions dès ce premier tome, avec cette fin, c’est une porte ouverte à une multitude de questions qui se retrouvent donc sans réponse. Et quand on voit la fin, telle qu’elle est, je crois que c’est le pire qu’on puisse faire... En finir avec une révélation choc c’est une chose, mais en finir sur ça... C’est frustrant et il me tarde de lire la suite pour en savoir plus.

Quant à l’univers, il est assez intéressant, le principe du kaimyō m’était inconnu, en même temps, je ne connais pas grand-chose (pour ne pas dire rien) de la culture et mythologie japonaise (asiatique au sens large en vérité) donc c’était intéressant de découvrir ça. même s’il faut l’avouer que le métier de Reiko reste assez en surface, rapidement le sujet de l’histoire va dévirer sur autre chose, sur cette fameuse quête dont je parlais plus tôt. Mais j’espère qu’on en apprendra plus dans les tomes suivants et qu’on en sache plus sur les dons de Nouria aussi puisqu’elle peut voir les morts.

Les personnages sont vraiment intéressants et attachants à commencer par Reiko qui fait un métier pas facile mais nécessaire, pour apporter un peu de sérénité aux défunts en permettant de savoir ce qui leur est arrivé. Un homme qui a été profondément touché dès son enfance par la disparition de ses parents qui lui ont permis dans un même temps de trouver sa voie et d’aider ceux dont on ne se préoccupe pas. C’est un homme sage avec de l’expérience, en jeunesse ça change d’avoir pour personnage principal un adulte, et d’un certain âge aussi (il a dépassé la cinquantaine), donc c’est intéressant de ne pas suivre que des enfants ou adolescents pour cette tranche d’âge là.

Quant à Nouria, elle n’a pas la langue dans sa poche, elle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense et fait preuve d’une grande maturité. D’ailleurs, en cours de route, on va avoir un petit aperçu de sa personnalité puisqu’elle va prendre la parole et raconter certains événements. J’avoue avoir été surprise de ce petit « intermède » mais en même temps, il s’explique aisément. En tout cas, elle est attachante et bien sympathique, elle va beaucoup apporter à Reiko, une écoute, une compréhension et une autre vision du monde, elle qui peut converser avec les morts… Une rencontre fortuite, mais l’est-elle réellement ?

En bref, Les papillons de Kobé est un premier tome que j’ai beaucoup aimé. L’intrigue est bonne et bien menée, c’est prenant et efficace dans le genre, même si ça reste introducteur. Mais il y a suffisamment d’éléments pour attiser notre curiosité et nous donner envie de découvrir la suite. Nombre de questions trouveront réponses ici mais avec une telle fin (horrible… les cliffhangers c’est le mal), de nouvelles questions sont apparues mais il va falloir attendre la suite pour savoir ce qu’il en est. Un univers intéressant qui change de ce qu’on peut lire habituellement. Et les personnages sont intéressants et attachants, de quoi passer un très bon moment en leur compagnie, même s’ils vont vivre des moments intenses. Affaire à suivre donc…

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