Les abysses de Rivers Solomon

Quatrième de couverture

À l’époque du commerce triangulaire, quand une esclave tombait enceinte sur un vaisseau négrier, elle était jetée à la mer. Mais toutes ces femmes ne sont pas mortes, et certaines ont même donné naissance à leur bébé. Celles qui ont survécu se sont adaptées à leur environnement et ont fondé une humanité parallèle au fond des océans. Depuis, les sirènes ont oublié l’histoire traumatique de leur genèse. Mais un jour, l’une d’elles, Yetu, va leur rendre la mémoire...

Mon avis

Après avoir lu La princesse et la fangirl, je me suis lancé dans Les abysses, en sachant que ça serait un roman qui serait lu très rapidement. En effet, il fait moins de 200 pages. J’étais assez curieuse de lire ce titre qui m’a intrigué, l’idée de base étant vraiment très intéressante et je dois dire que c’était une chouette lecture, même si ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais et qu’il m’a un peu déconcerté. Mais c’est un roman qui mérite d’être lu.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’auteur(ice) est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre rapidement dans l’histoire.

L’intrigue est plutôt bonne et bien menée, même si ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. C’est plus dans la construction du récit, la manière dont on apprend les éléments de l’univers, il y a quelque chose qui m’a un peu étonné et qui fait que je n’ai pas eu un gros coup de cœur pour cette histoire. Je ne saurai pas expliquer en quoi exactement, mais c’est un sentiment que j’ai eu, il m’a manqué quelque chose. Néanmoins, je reconnais que c’est un très bon texte et qu’il y a de très bons éléments dedans.

L’univers est intéressant et original. Une uchronie dans laquelle on se penche sur le destin de ces esclaves sacrifiées et jetées à la mer en partant du principe qu’elles aient survécu ou bien leurs bébés à naître qui, par la force des choses ou d’une sorte de dieu des océans, ont pu évoluer pour s’adapter à une vie sous-marine.

On y découvre tout un univers qui s’est construit petit à petit, quelques créatures par-ci par-là qui ont fini par se rassembler. Une civilisation est née, avec ses traditions dont le devoir de mémoire, une tâche assurée par les Historiens. Ils gardent la mémoire de tous les ancêtres afin de se souvenir d’où viennent les Wajinrus, comment elles ont évolué, etc. Un fardeau que doit assumer Yetu depuis ses 14 ans et qui devient de plus en plus lourd à porter pour une seule personne. Raison pour laquelle, au moment de la cérémonie, elle a fini par fuir.

Les thèmes abordés sont intéressants, il est question de la transmission, notamment celle de la mémoire, de l’Histoire. Doit-on le subir et le porter en permanence ou s’en affranchir comme Yetu souhaite le faire en s’enfuyant et en délaissant les siens, afin de vivre sa propre vie. Mais sa rencontre avec Oori, une humaine, qui a tout perdu, et qui aimerait avoir des souvenirs, savoir son Histoire et son passé pourrait remettre en question ses choix. Il y est aussi question de l’identité, en tant qu’individu ou en tant que groupe. Yetu n’a pas la sensation d’exister par elle-même mais que de n’être la somme de toutes ses ancêtres, un sentiment qui la laisse seule avec un poids immense sur les épaules, un poids lourd à porter.

Sa rencontre avec Oori lui fait découvrir un autre monde, celui des deux-jambes, les humains qui leur ressemble, en même temps, ils ont des ancêtres communs, et qui découvrent les us et coutumes, les mœurs de chacune, notamment la sexualité, un sujet qui intrigue beaucoup Yetu.

Les personnages sont vraiment intéressants. C’est un peu le choc des cultures, chacun apprend de l’autre même si parfois la communication peut avoir du mal à passer car n’ayant pas le même passé ni vécu, difficile de se comprendre. Yetu a fui son peuple quand Oori aimerait retrouver le sien, elle qui est la dernière survivante.

En bref, Les abysses est un roman qui interpelle et nous amène à nous poser des questions par les sujets qu’il aborde. Je dois avouer que c’est très différent de ce que je m’étais imaginée en terme d’intrigue. Il m’a un peu déconcerté, néanmoins, c’est un texte qui mérite d’être lu par les réflexions qui sont faites, autour du devoir de mémoire, de l’Histoire mais aussi de l’identité, de l’appartenance. Un roman que je vous invite à découvrir.

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