Queen Kong de Hélène Vignal

Quatrième de couverture

Pour le groupe elle en est une.

Une belle.
Une vraie.
Une grosse.
Une sacrée.

C’est ce qu’ils disent dans les commentaires qui font sonner son téléphone à répétition, entre insultes et émojis assassins.
Mais elle choisit de voir, toucher, entendre, goûter. Sans céder à la pression et au jugement de la meute.
Elle joue selon ses propres règles.
Seule ? Peut-être pas...

Un texte incisif et éclatant porté par une héroïne qui dynamite les codes et décide de suivre ce qui bat en elle, quel que soit le prix à payer.

Mon avis

Après avoir lu La Guerre du Lotus, je me suis lancé dans Queen Kong, que je venais de recevoir au boulot. Un roman qui fait partie de la collection L’ardeur chez Thierry Magnier et qui a pour vocation de parler de sexualité pour les ados. J’ai déjà pu lire Le goût du baiser dans cette même collection que j’avais beaucoup aimé.

J’étais assez curieuse de lire ce titre car il faut l’avouer, au boulot ce n’est pas une collection que l’on vend très bien mais si on ne la lit pas, difficile de la mettre en avant aussi. Raison pour laquelle je voulais lire la nouveauté à paraître et voir ce que ça pouvait donner.

Je dois dire que l’histoire était intéressante mais j’en ressors un peu frustrée car le roman étant très court (et pour ceux qui me suivent depuis longtemps, vous savez que ça n’est pas ce que je préfère), c’est difficile d’approfondir le sujet alors même qu’il était super intéressant. Mais je dois admettre que le message passe parfaitement bien et que ça reste un bon texte.

Je crois que la phrase qui résume assez bien ce récit est « En tout cas si t’es une meuf ». Car oui, quand on est une femme, on est sans cesse jugée, pour tout, et quand il est question de sexualité encore plus. Il n’y a qu’à voir, un garçon qui enchaîne les conquêtes, on parle « d’un Don Juan », pour une fille, on parle « d’une pute ».

Ce mot n’est jamais prononcé ici, comme l’indique le début de la 4e de couverture, elle est « Une belle. Une vraie. Une grosse. Une sacrée. », mais on sait parfaitement à quoi ça fait référence quand on lit le texte. Il n’y a aucun doute sur ça. Le fait de vouloir comprendre sa sexualité, de vouloir l’explorer, comme l’héroïne l’entend, fait d’elle une pute, alors que si elle avait été un garçon, ça ne poserait aucun problème.

Voilà de quoi parle cette histoire, celle d’une jeune adolescente qui veut explorer son corps, qui découvre son corps, veut voir ce que sont ses désirs, sans jamais mélanger ça avec de l’amour car pour elle ça serait trop compliqué de gérer les deux.

Alors elle découvre simplement la sexualité et ce, à travers des relations. Elle en mentionne 4, 4 garçons différents avec qui elle a vécu des expériences, toutes différentes les unes des autres et c’est surtout avec la dernière que ça a dérapé, qu’on en vient à ce moment de sa vie où elle reçoit plein de messages. Nous lecteurs ignorons le contenu de ces messages mais là encore une fois tout est suggéré, et on imagine très bien ce qu’ils disent et ce que ça peut induire d’en être la victime, car ça vire harcèlement, puisque c’est incessant. Un harcèlement qui pourrait très bien dégénérer à des actes si la personne se retrouve submergée. Mais pas notre héroïne qui décide de faire front, d’être une Queen Kong.

Comme je l’ai dit, j’ai trouvé ça dommage que ça soit si court et pas davantage exploité à travers une histoire plus développée et plus longue, au même titre que Le goût du baiser qui reste un récit de fiction où l’on voit l’héroïne dans sa vie quotidienne, etc. tout en ayant un sujet bien précis à évoquer. Là, on est plus sur une sorte « d’essai », quelque chose de démonstratif, ça va droit au but, un peu comme si on lisait son journal intime. L’héroïne évoque chapitre après chapitre sa découverte de sa sexualité lorsqu’elle était enfant, sa première fois adolescente, puis ses autres relations, qui sont en tout au nombre de 4.

On voit vraiment les étapes, la manière dont elle découvre son corps, ce que chaque relation lui a apporté, ce qui a changé chez elle. C’est vraiment la découverte, l’écoute de son corps, de ses envies, de ses désirs. Et on en voit les conséquences sur le long terme puisqu’elle ne va pas plus loin avec les garçons, ce n’était qu’un bon moment (plus ou moins en fonction des gars). Ça ne va pas au-delà et pour ça, on va la juger. Comme je l’ai dit plus haut, si elle avait été un garçon, la question ne se poserait même pas, ne gênerait pas mais le fait qu’elle soit une femme, là c’est gênant.

Le fond du sujet est vraiment intéressant et c’est pour ça que je trouve ça un peu frustrant de ne pas avoir eu un texte un peu plus long pour exploiter ça, même si comme je l’ai dit, le message passe parfaitement. Pour un roman de 80 page, j’ai quand même pas mal de choses à dire. En tout cas, c’est un roman intéressant qui permet de prendre conscience de ça, que la sexualité fait partie du quotidien, que ça n’a pas à être tabou et d’être encore moins jugé pour la découvrir, s’épanouir, et quel que soit notre sexe.

En bref, Queen Kong est un roman très court qui aborde un sujet des plus intéressants : la vision de la sexualité, notamment celle des femmes. L’héroïne casse les codes, s’approprie complètement sa sexualité, la découvre et l’explore, sans tabou. Mais quand on est femme, le jugement n’est jamais assez loin, d’où la pluie de SMS à son encontre avec insultes et tout ce qui s’ensuit. Mais cela ne la touche pas car elle a décidé d’être une Queen Kong, de s’affranchir de ces préjugés et tabous et de pleinement assumer ce qu’elle est. Un roman très court, un peu trop pour moi car j’aurai aimé avoir un peu plus d’histoire autour, mais cela reste un très bon roman, le message passe parfaitement et je ne doute pas du fait que ça puisse en intéresser plus d’un car ce « défaut » n’en est pas vraiment un. À découvrir !

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