Les histoires ça ne devrait jamais finir d'Esmé Planchon

Quatrième de couverture

Lucien a 16 ans.
Sur internet, il est Zora, pilier de la communauté de fans des Mondes invisibles, la série fantastique culte de Maria Zumaï.
Dans la vraie vie, il est le garçon le moins cool de l’internat.
Un lycéen qui aime discuter en ligne avec Xena, écrire des fanfictions, lire des histoires où deux garçons s’embrassent et se promener au bord d’un lac.
Mais quand la mystérieuse Maria Zumaï interrompt brusquement sa saga, Lucien se retrouve embarqué malgré lui dans une enquête. Une enquête dans les livres pour trouver des vérités dans la vie.

Mon avis

Après avoir lu Les libraires gauchers de Londres, je me suis lancé dans Les histoires ça ne devrait jamais finir. J’étais curieuse de découvrir ce titre qui m’a interpelé lorsqu’on l’a reçu au boulot. La couverture est assez jolie et le fait qu’il soit question de fanfiction m’a intéressé. Comme j’avais beaucoup aimé certains romans YA et plus récemment adulte sur ce sujet (Attention spoiler) avec le côté fanfiction et identité secrète, j’étais curieuse de voir ce que ça pouvait donner.

Je dois avouer que ce n’était pas tout à fait le scénario auquel je pensais, mais ce roman a été une très belle surprise. Un roman qui promettait d’être sympa mais qui s’est révélé beaucoup plus intéressant que prévu. J’ai beaucoup aimé et j’espère que cette chronique attirera suffisamment votre attention pour que vous vous arrêtiez sur cette histoire qui vaut la peine d’être lue.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est très agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire, d’autant que celle-ci est écrite du point de vue de Lucien.

Il est vrai qu’au début, j’étais un peu déconcertée par l’écriture car ça avait un côté très oral et Lucien a tendance à s’éparpiller un peu (mais il nous prévient au début de l’histoire que ça risque d’être le cas). Mais rapidement, j’ai su me faire à ce style et à suivre avec grande attention cette aventure qui allait changer sa vie.

L’intrigue est assez simple en soi, l’autrice de sa série fétiche – au point qu’il écrive des fanfictions dessus et qu’il ait une forte communauté qui le suive – a décidé de ne pas achever la série des Mondes invisibles. Le 4e tome tant attendu n’arrivera jamais et avec deux autres filles fans de la série, il va décider de mener l’enquête pour connaître l’identité de l’autrice et « la supplier » d’écrire ce 4e tome.

Une quête qui pourrait bien changer sa vie, bien plus qu’il ne le pensait. Une enquête qui s’avérera être une quête initiatique qui lui permettra de voler de ses propres ailes.

J’ai beaucoup aimé les sujets traités dans l’histoire, alors certes, cela parle de littérature et de fanfiction mais l’autrice aborde d’autres sujets avec une simplicité et une certaine douceur qui font de ce livre un roman feelgood parfait. Il est question d’identité, de genre puisque Lucien écrit sous le pseudo de Zora (personnage féminin des Mondes invisibles) et se genre au féminin sur internet, mais est un garçon cis (gay) au quotidien. La manière dont s’est abordé est simple, au fil d’une conversation, comme le coming out (une scène assez touchante d’ailleurs), etc.

L’évolution de Lucien est assez flagrante entre le début et la fin du roman. Il était renfermé sur lui-même, il faut dire qu’il a vécu un événement traumatisant qui l’a profondément touché et qui l’explique. Il a ainsi plongé dans cette série qui est devenu un pilier dans sa vie, et le fait que l’autrice abandonne l’écriture du tome 4 est un choc pour lui. Il ne sait pas vivre sans cette série, son monde s’effondre, d’où cette quête.

Avec l’aide de ses amies, il va élaborer des plans et hypothèses pour savoir la vraie identité de l’autrice. Au cours de cette quête, il va en apprendre beaucoup sur lui et ouvrir les yeux. Mais cela ne se fera pas sans aide, que ce soit ses amies, Yuna et Xena mais aussi grâce à d’autres rencontres qu’il va faire en cours de route. Il va petit à petit prendre conscience de son attitude, de ce qu’il cachait sans vraiment s’en rendre compte. C’est une sorte de renaissance et éclosion pour Lucien qui va se révéler au cours de cette aventure.

En plus de cette quête un peu policière hors du commun et l’émergence du « vrai » Lucien qui cherchait à se cacher, on a droit à une petite romance plutôt choupie, qui contribue au côté feelgood de l’histoire. On part sur une sorte de « enemy to lover », pas tant ennemi au sens strict du terme, mais les deux garçons n’ont vraiment rien à voir l’un avec l’autre. Lucien est plutôt intello, introverti, fan de littérature quand Léo est le gars populaire, aimé de tous et sportif. Mais les clichés ont toujours la vie dure et il faut voir au-delà des apparences, aussi bien pour Lucien que pour Léo.

Léo est le grand frère de « Yuna » (son pseudo sur internet en tant que fan des Mondes invisibles) et va lui servir de chaperon. C’est ainsi que Léo va s’immiscer un peu plus dans la vie de Lucien alors que dans leur internat, ils ne se côtoyaient jamais. Ils ne viennent pas du même monde et pourtant ils ont bien plus en commun qu’on ne pourrait le croire. Léo qui n’était là que pour surveiller sa petite sœur va s’avérer être un membre bien particulier de cette bande d’enquêteurs.

Lucien et Léo vont apprendre à se connaître et à mesure, on voit clairement les signes, ce ne sont même plus des signes à ce niveau-là, mais des signaux clignotants mais comme on dit : « il n’y a pas pire qu’aveugle que celui qui ne veut pas voir ». C’était assez drôle de voir que la communication avait du mal à passer par moment et de voir les reproches par la suite. une remise en contexte peut parfois être nécessaire, comme quoi, la communication c’est important pour être sur la même longueur d’ondes…

Yuna et Xena sont deux filles très différentes l’une de l’autre mais qui ont leur importance dans l’histoire. elles sont attachantes et prennent vraiment très à cœur leur mission. Yuna fait un peu peur quand même quand on voit ce qu’elle est capable de faire.

En bref, Les histoires ça ne devrait jamais finir est un roman feelgood que j’ai pris plaisir à découvrir. C’est une histoire à laquelle je ne m’attendais pas et j’ai vraiment adoré, elle est encore plus intéressante que je ne le pensais. D’une enquête pour retrouver l’autrice des romans des Mondes invisibles, Lucien va en vérité aller en quête de lui-même. Il va se révéler et prendre son envol au fur et à mesure de l’histoire et c’est beau de voir une telle évolution chez un personnage. L’intrigue est vraiment bonne et bien menée avec une conclusion parfaite. Le tout agrémenté d’une petite romance mignonne, ça ne gâche rien. L’autrice n’hésite pas à aborder divers sujets, notamment en lien avec l’identité (que ce soit de genre ou d’affirmation de soi) d’une manière très simple. Les références littéraires sont bien sympathiques et nous emportent vraiment dans le monde de la littérature, de la fanfiction et ce n’est pas pour me déplaire. Les personnages sont vraiment attachants et sympathiques, ils forment un groupe de choc pour cette quête et prendront une décision assez inattendue quant à leur découverte. Un roman qui mérite à être connu parce qu’il est vraiment très sympathique. Ne passez pas à côté !

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