Gris comme le coeur des indifférents de Pascaline Nolot

Quatrième de couverture

La veille, Lyra, quinze ans, a entendu son père frapper sa mère. Pour les deux femmes, hélas, il s’agissait d’un jour ordinaire.
Ou presque.
Aujourd’hui, il n’y a plus de coups, plus de cris.
Ensemble, elles attendent dans un long couloir d’hôpital.
Les pensées de l’adolescente s’emballent, elle ne cesse de songer aux jours précédents…

Mon avis

Une fois terminé le tome 3 d’Inheritance Games, il me fallait une petite lecture car le tome 3 du Sang et la Cendre : La Couronne d’os dorés allait sortir… je ne devais donc pas me lancer dans un gros livre car je voulais commencer La Couronne d’os dorés le jour de sa sortie… J’ai donc embarqué avec moi Gris comme le cœur des indifférents en sachant pertinemment qu’il ne me ferait pas long feu (ça a été le cas, je l’ai lu pendant mon trajet train en allant au boulot, pouvant ainsi repartir le soir avec La Couronne d’os dorés, bien calculé non ?).

Je redoutais et en même temps, j’avais hâte de voir ce qu’allait donner ce roman. J’ai déjà pu lire des romans de l’autrice et j’aime beaucoup sa plume, et sachant le sujet, les violences conjugales, je me demandais quelle « forme » allait prendre son récit. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue du voyage, une lecture difficile, bien plus que je ne le pensais de prime abord, mais qui est très bien traité.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est toujours aussi agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire qui est très douloureuse. Le sujet n’étant pas facile, on sait à quoi s’en tenir. On découvre donc Lyra, à l’hôpital aux côtés de sa mère, une femme battue par son mari. Elles sont dans une salle d’attente, attendant que la grand-mère de Lyra viennent les chercher…

Une attente longue et douloureuse… car cela permet à Lyra de repenser à leur vie, à tous ces instants, à travers différentes couleurs… des jours gris comme ceux où son père bat sa mère, etc.

L’histoire est écrite du point de vue de Lyra, si bien que l’on sait toutes ses pensées, ce qu’elle ressent aussi face à cette situation qui devient de plus en plus difficile et ingérable. Elle se souvient des actes et des paroles de son père, de ce qu’il fait à sa mère. Lyra, parfois forcée de s’isoler, de protéger ses petits frères de cette violence. Mais elle se tait, elle cache ce quotidien douloureux, notamment à l’un de ses professeurs qui semble vouloir l’aider sans savoir ce que tout ça cache réellement. Il y a beaucoup de regrets, d’incompréhension, d’espoir aussi, cet instant où sa mère trouverait le moyen pour que tout ça cesse, en partant…

Je ne veux pas trop en dire, mais je vous avoue que je ne m’attendais pas à ce twist vers la fin de l’histoire… J’avais imaginé autre chose, étant donné les circonstances et c’est ce qui rend ce texte encore plus poignant… Mais ce qui le rend aussi comme ça, c’est lorsque l’on comprend le titre du livre, ce que ça signifie… Et c’est assez glaçant, tout fait sens… Il est clair que cette lecture ne peut pas laisser indifférent, on ne peut pas fermer les yeux face à cette détresse, cette douleur et les conséquences que de tels actes peuvent avoir…

C’est un roman court mais très efficace, le message passe parfaitement et c’est un combat de tous les jours… Quand on voit le nombre de femmes qui sont tuées sous les coups d’une tierce personne, souvent le copain / mari / compagnon, etc. Quel que soit le terme, une personne qui est sensée aimer l’autre, ne devrait pas se comporter de cette manière et encore aujourd’hui beaucoup trop de femmes meurent à cause de ces violences.

En bref, Gris comme le cœur des indifférents est un roman coup de poing, c’est le cas de le dire qui traite des violences conjugales avec un angle intéressant. C’est une histoire poignante et dure, déjà par son sujet mais aussi par la manière dont il est raconté car on est du point de vue de la fille de la victime, elle qui voit cette violence et cette souffrance mais qui ne peut rien dire, rien faire. J’ai beaucoup aimé la manière dont c’était présenté, même si j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ça prenne une telle tournure, je n’avais pas compris ça de cette manière. Pourtant, ça paraissait assez évident mais je me suis fait avoir, naïve que je suis. Un roman poignant à découvrir et dont le titre fait sens lorsqu’on comprend de quoi il s’agit… Et il est vrai que c’est une histoire qui ne peut pas nous laisser indifférent.

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