Le Fracas du silence de Fabien Fernandez

Quatrième de couverture

Bergen, Norvège.
Tout allait bien pour Tiril. Des amis formidables, un petit ami respectueux et une vocation : devenir chanteuse. Jusqu’à cet accident de voiture avec sa mère, il y a deux ans.
Depuis, tout a changé.
Désormais atteinte d’aphasie partielle, elle n’arrive plus à parler comme elle le souhaite. Amis et petit-copain se sont volatilisés, même Mikkel son meilleur ami, s’est éloigné. Sa future carrière musicale s’est envolée. L’injustice, la colère et le ressentiment se sont installés en elle.
Mais l’espoir vient parfois de là où on ne l’attend pas… Et s’il venait d’Amena, cette élève à qui Tiril n’a jamais parlé ? Cette nouvelle amitié lui permettra-t-elle de retrouver sa voie… et sa voix ?

Mon avis

Après avoir lu Skye et le Vieux Solitaire, je me suis lancé dans Le Fracas du silence, un roman qui m’a pas mal intrigué et ayant déjà lu quelques romans de l’auteur que j’avais apprécié, j’étais curieuse de découvrir cette nouvelle histoire et je dois dire que c’était un roman très touchant que je vous invite à découvrir.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. Il n’y a que l’aspect musical, cette injustice due au fait que sa chanson soit reprise au profit d’une chanteuse à succès, qui va mettre un peu de temps à arriver, mais en dehors de cela, le pitch résume bien la situation.

La narration est double, on suit d’un côté Tiril qui, à la première personne, nous raconte son histoire, son quotidien et de l’autre « A. » qui représente les pensées de Tiril, celles qu’elle n’arrive pas à exprimer, celles qui l’assaillent et la rabaissent en lui faisant comprendre que depuis son accident, elle n’est plus rien. Des pensées dures qui la hantent et la réduisent à son handicap. Un dialogue intérieur dure et déchirant puisque dans ses pensées tout est clair, mais les mots ne sortent pas de sa bouche.

C’est une double narration intéressante car à travers les chapitres de « A. », elle nous rend compte de sa lutte intérieure, de ce qu’elle ressent vraiment et pas de ce qu’elle laisse paraître. On ressent d’autant plus sa souffrance, ce qui rend ce récit encore plus touchant et dur. C’est aussi intéressant de voir la relation entre Tiril et ses parents, surtout envers sa mère qui est la cause de cet accident.

À travers mon regard d’adulte, je vois la culpabilité de ses parents, ce qu’ils essayent de faire pour la protéger, pour l’encourager à leur manière, mais dans la peau de Tiril c’est une souffrance d’être réduire à son handicap, d’être surprotéger quand elle aimerait vivre le plus normalement possible, même si c’est compliqué. Autant de choses qui vont pousser l’adolescente à se rebeller, à se renfermer sur elle-même et à rejeter les autres. Et bien évidemment, d’un regard extérieur on sait que ça n’est pas bon de se refermer de la sorte, mais lorsqu’on souffre, beaucoup le font en silence, en restant solitaire. Je ne pourrais pas lui jeter la pierre de réagir de cette manière.

Ce qui est intéressant aussi c’est que, souvent dans ce genre d’histoire, la romance va permettre à l’un des deux personnages, voire les deux, de se dépasser et de s’affranchir du passé, de sa douleur, ses problèmes, etc. L’amour permet de se relever des épreuves. Je ne vais pas critiquer cet aspect-là dans les histoires puisque j’en lis et que j’aime bien (souvent en New Adult c’est ce qu’on retrouve et aussi en Young Adult) mais là, j’avoue, que ça fait du bien de voir que ça va se passer d’une autre manière. Certes, une petite romance va pointer son nez, mais ce n’est clairement pas l’élément central de cette histoire, ce n’est pas lui qui va la sauver. Et ça fait du bien de voir le parcours de Tiril, comment elle s’en sort, même si l’amitié d’Amena et celle de Mikkel (et plus si affinité, on voit bien qu’il y a anguille sous roche entre les deux) va l’aider mais surtout elle-même.

D’autres sujets sont abordés dans l’histoire, Amena est une jeune syrienne, réfugiée, elle ne parle donc pas très bien la langue, elle est mise de côté, quand elle n’est pas harcelée par d’autres. Elle va être confrontée aussi à différents problèmes. Si dans un premier temps, Tiril va en être un pour elle, rapidement les deux jeunes filles vont devenir amies et se soutenir. Une amitié qui sera précieuse, comme celle de Mikkel qui est le meilleur ami de Tiril, le seul qu’il lui reste, même s’ils vont un peu s’éloigner au cours de l’histoire, pour peut-être mieux se retrouver en fin de compte. J’ai beaucoup aimé ce personnage qui est aussi touchant.

En bref, Le Fracas du silence est un roman très touchant que j’ai pris plaisir à découvrir. On suit le quotidien de cette adolescente prisonnière de son corps, elle qui rêvait de faire de la musique, de chanter et d’écrire qui aujourd’hui, à cause d’un accident se retrouve à court de mots pour s’exprimer. Si dans sa tête tout est parfaitement clair, elle ne parvient pas à dire ce qu’elle souhaite et se renferme sur elle-même et s’isole. Un combat contre elle-même mais elle comprendra qu’elle n’est pas obligée de lutter seule. Une très jolie histoire que je vous invite à découvrir.

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