A Silent Voice de Yoshitoki Oima et Yoko Kurahashi

Quatrième de couverture

Ils ont partagé un terrible passé...
Que feront-ils quand le destin les remettra face à face ?

Shoko est malentendante depuis la naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations et à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule. Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya, le leader de la classe.

Tour à tour intrigué, fasciné puis, pour finir, exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas s’exprimer comme tout le monde, le garçon décide de lui rendre la vie impossible par tous les moyens. Psychologiques puis physiques, les agressions se font de plus en plus violentes... jusqu’au jour où la brimade de trop provoque une plainte de la famille de Shoko et l’intervention du directeur de l’école. C’est alors que tout bascule pour Shoya : ses camarades, qui jusque-là ne manquaient pas, eux non plus, une occasion de tourmenter la jeune fille, vont se retourner contre lui et le désigner comme seul responsable...

En terminale, le jeune homme, devenu à son tour un paria, prend son courage à deux mains et décide de retourner voir Shoko. Mais leurs retrouvailles ne se déroulent absolument pas comme il les avait imaginées. Harcèlement scolaire, handicap, acceptation de l’autre, difficulté à communiquer... une histoire sensible et délicate, centrée sur des thèmes forts et actuels, devenue un véritable phénomène au Japon.

Mon avis

Après avoir lu Urban garden, je me suis lancé dans A Silent Voice, la version roman du manga éponyme. Ça fait un moment que j’ai envie de découvrir le manga mais sans pour autant sauter le pas. Je profite donc de cette édition pour le lire dans son intégralité. Si ce n’était pas tout à fait ce à quoi je m’attendais, je dois dire que j’ai bien apprécié cette histoire qui est beaucoup plus dure qu’elle en a l’air.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre rapidement dans l’histoire qui est prenante et touchante.

L’intrigue est plutôt bonne et bien menée mais j’avoue avoir été surprise par la tournure des événements, avec le manga, je savais en partie de quoi parlait l’histoire, que c’était sur le handicap et fond de harcèlement scolaire, mais je m’attendais à ce que la tournure prenne un ton plus léger à un moment donné avec le fait qu’ils se retrouvent quelques années plus tard Je m’étais imaginée un scénario qui était très différent de la réalité. C’est pour cela que ça n’a pas été un coup de cœur pour moi, car ça n’a pas été en adéquation avec mes attentes, mais ça, c’est un peu « mon problème » car en dehors de ça, l’histoire reste quand même intéressante et je comprends pourquoi le manga est apprécié. A priori la version roman reprend vraiment l’intégralité de la série en manga donc ça me permet de voir cette histoire dans son ensemble sans avoir à attendre la parution des suites, c’est bien pratique !

On découvre dans un premier temps Shoko et Shoya lorsqu’ils étaient en primaire, le harcèlement que la jeune fille subit à cause de lui, un harcèlement causé par son handicap qui la rend différente et qui l’empêche d’être « comme les autres ». Malgré son appareillage, elle n’entend pas bien et n’est pas aidée, aussi bien de la part de ses camarades que des professeurs.

Elle va donc subir ça un bon moment jusqu’à ce qu’elle finisse par s’en aller. Mais ce harcèlement va se retourner contre lui et ainsi, il va voir ce que ça fait. J’avoue que ça m’a fait mal au cœur de voir tout le monde se retourner contre lui quand ses agressions faisaient rire tout le monde et qu’ils y participaient de manière indirecte et pas que les élèves… L’arroseur arrosé… dans un cas comme dans l’autre, c’est vraiment dur de voir un tel comportement qui est, à moitié condamné…

Une fois devenu adolescent, Shoya va tâcher de faire amende honorable envers elle et essayer de se faire pardonner d’elle afin de passer à autre chose. C’est à partir de là, que l’histoire a pris une tournure assez inattendue et bien plus dure et sombre que ce à quoi je m’attendais. J’ai été assez surprise de ce que j’y ai découvert mais ça reste intéressant de voir ce que Shoya est devenu. S’il était détestable enfant, il ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’il faisait et n’avait pas vraiment conscience de mal agir, et lorsqu’il va subir à son tour le harcèlement, le retour de bâton va être assez violent et perdurer un bon moment car son rôle de harceleur va le poursuivre et finir par devenir à son tour une victime.

En essayant de se racheter auprès de la jeune fille, ils vont apprendre à se connaître, même si la communication était au début compliquée, Shoya va vraiment faire des efforts pour se rapprocher d’elle et d’essayer de la comprendre, mais ce n’est pas toujours facile. Entre les garçons et les filles, même sans handicap, il peut y avoir des problèmes de compréhension… Et on les voit se rapprocher un peu… Shoya avait un peu trop pris au sérieux le diction : qui aime bien châtie bien…

On suit donc la rédemption de Shoya, qui va être plus difficile qu’il ne l’escomptait, sans compter le fait qu’il va y avoir un certain nombre d’embûches sur son chemin et lorsqu’ils vont renouer contact avec d’anciens camarades de primaires, là encore, la tournure des événements va être assez inattendue. Le pardon n’est pas fait pour tout le monde et tout le monde n’est pas prêt à accepter ses erreurs et à se faire pardonner. Tous n’évoluent pas de la même manière et ne vont pas se remettre en question.

De manière générale, les personnages sont plutôt intéressants et attachants, même s’il est vrai qu’au début Shoya était plutôt détestable par son comportement, quant à Shoko, on aimerait la secouer pour qu’elle se défense, qu’elle agisse plutôt que de se laisser faire. Elle reste une victime mais il est vrai qu’on aimerait qu’elle réagisse pour montrer que ce n’est pas acceptable d’être traitée de la sorte mais c’est plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on voit que personne ne lui vient en aide, à aucun moment. C’est assez triste de voir ce qu’elle subit. Mais on voit qu’il y a une certaine évolution au cours de l’histoire, tous les deux vont évoluer et changer dans leur comportement. Quant aux anciens amis, certains ne changent pas et restent fidèles à eux-mêmes et trouvent toujours des excuses pour expliquer leur comportement, quand d’autres vont aussi tâcher de changer. Ce sont des personnages vraiment intéressants et assez réalistes.

En bref, A Silent Voice est un roman que j’ai pris plaisir à lire, même si ce n’était pas tout à fait ce à quoi je m’attendais en termes d’intrigue. Cela dit, c’était vraiment intéressant et elle était bonne et bien menée. Les sujets traités sont évoqués avec une certaine justesse, c’est assez dur de voir la manière dont le handicap est perçu, que le harcèlement qui en découle ne soit pas pris au sérieux et la faute rejetée sur elle. Les personnages sont intéressants et plutôt attachants même si au début Shoya est assez détestable par son comportement mais ce n’était qu’un simple jeu, celui de l’inconnu qui finira par prendre une tournure bien plus dramatique. Mais aussi bien Shoya que Shoko, ils vont tous les deux grandir, évoluer et apprendre, même si ce n’est pas toujours facile au quotidien car le harcèlement laisse des traces sur l’âme… Une histoire assez touchante que je vous invite à découvrir.

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