Topographie de la terreur de Régis Descott

Quatrième de couverture

Berlin, 1943. Après Stalingrad, Hitler a décrété la guerre totale. Gerhard Lenz, commissaire à la Kripo, tente d’organiser la clandestinité de Flora, la jeune Juive qui attend un enfant de lui, quand un psychiatre, membre du NSDAP, est assassiné.
L’enquête sera pour lui l’occasion de découvrir l’ampleur du programme d’euthanasie de masse, dit Aktion T4, et le rôle joué par les médecins nazis.
Dans une ville au bord de l’abîme, Topographie de la terreur raconte le combat d’un homme seul face à l’hydre totalitaire.

Mon avis

Après avoir lu De Lune et de sang, je me suis lancé dans Topographie de la terreur qui sortait le même jour que De Lune et de sang, raison pour laquelle j’ai enchaîné ces deux lectures. Le but étant de vous en parler au plus près de leur sortie. Il s’agit d’un thriller historique qui se déroule durant la 2nde Guerre Mondiale en Allemagne.

Je suis complètement sortie de ma zone de confort avec ce livre car en soi, je lis des thrillers, je lis de l’historique, j’ai déjà fait le combo des deux, mais c’est plutôt la période concernée qui fait que je suis en dehors de ma zone. Pourquoi ? Parce que je n’aime pas lire des histoires qui se passent durant cette période (ou même la Première Guerre Mondiale), trop proche, trop glauque, ce n’est pas came.

Mais quand j’ai reçu ce livre, je dois dire qu’il m’a tout de même interpelé parce qu’on était du point de vue allemand, et surtout d’un allemand qui ne partage en rien les idéologies d’Hitler, bien au contraire… Et j’étais curieuse de voir ce que pouvait donner cette histoire que j’ai au final bien apprécié. Mais ça reste une lecture dure et pleine de tensions car on ne peut pas savoir à l’avance si tout ça va bien se finir parce qu’il pourrait être démasqué à tout instant du fait de sa famille et du fait qu’il n’adhère pas au régime en place…

Il s’agit d’un roman choral, si Gerhard Lenz reste le personnage principal de cette histoire, qui va mener une enquête sur la mort d’un psychiatre, on suit d’autres personnages qui vont avoir leur importance dans la suite. J’avoue qu’au début, il m’a fallu un peu de temps pour appréhender ce livre, ces changements de focalisation et me remettre l’identité de chacun, leur rôle car ce n’est pas toujours évident. Et puis, tel un puzzle, toutes les pièces finissent par s’emboîter les unes avec les autres et faire sens. L’auteur a tissé une toile d’une main de maître pour nous présenter son histoire et les différents protagonistes qui la compose. On sent que l’auteur s’est renseigné sur la période, il a réussi à retranscrire une certaine atmosphère a y inclure des éléments véridiques (j’ai lu la note de l’auteur à la fin qui est vraiment intéressante).

L’intrigue est bonne et bien menée, même si l’histoire peut paraître « décousue » dans le sens où l’on ne suit pas uniquement l’enquête menée par Gerhard, il fallait être attentif pour suivre mais ça reste un très bon thriller. Un thriller qui nous plonge au cœur de l’Allemagne nazie, avec ses rafles, ses arrestations en tout genre, et Gerhard n’est pas au bout de ses peines. Entre sa petite amie enceinte de lui alors qu’elle est juive, son frère qui est journaliste et homosexuel et qui n’hésite pas à écrire dans un journal tout ce qu’il pense de cette situation… autant dire qu’il va avoir quelques sueurs froides et s’inquiéter pour sa famille. Alors même qu’il fait des découvertes macabres sur ce fameux médecin dont il doit trouver le meurtrier.

C’est une histoire lourde et pleine de tensions, d’autant que l’on voit qu’il n’a pas que des amis au sein de la police, malgré ses états de service et le fait que personne n’a jamais eu à se plaindre de lui ou le soupçonner de quoi que ce soit. Mais rapidement, on comprend qu’il est loin d’adhérer au régime, bien au contraire et il évalue petit à petit son coéquipier pour prendre la température à ce niveau-là. S’il pouvait rallier quelqu’un, ça serait toujours bon à prendre… Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier.

Plus on avance et plus on se rend compte de l’horreur de la situation, même si ça n’est que « les prémices » car la guerre va encore durer et faire des ravages. Ce n’est que le début des bouleversements en Allemagne et en Europe. Je n’étais pas très sereine à mesure que je m’approchais de la fin parce qu’avec les derniers événements, tout pouvait arriver. Quelles décisions allaient-ils prendre ? Allait-il se faire pincer par ses pairs ? Autant de questions qui trouveront réponses ici et je ne m’attendais pas à un tel final, même si quelque part, c’était inévitable. Les personnages sont intéressants et attachants. C’est d’autant plus dur de les voir dans cette situation et de devoir composer avec ce régime totalitaire et monstrueux.

En bref, Topographie de la terreur est un roman que j’ai bien apprécié découvrir même si ça a été une lecture dure et qui me sortait totalement de ma zone de confort du fait de la période évoquée. Mais je ne regrette pas cette lecture et cette découverte car elle est intéressante et nous permet de voir un autre aspect, ceux qui étaient contre ce régime, ceux qui ne partageaient pas les idées d’Hitler. Et qui, à leur façon essayait de contourner le système et d’aider ceux qui en avaient besoin. Un thriller efficace tissé d’une main de maître, même si je l’avoue au début, les changements de focalisation m’ont un peu perdu, mais à mesure tout a fini par prendre sens et voir tous les événements s’entremêlés. L’atmosphère est lourde et les personnages vont vivre des moments intenses et plein de tensions, mais avec l’espoir de changer les choses face aux horreurs auxquels ils sont confrontés. Un roman que je vous invite à découvrir.

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