Les Oiseleurs de Camille Noyer

Quatrième de couverture

Les oiseleurs lisent le passé et le futur dans les tracés des oiseaux. Pour intégrer leurs rangs et développer son Don, Alouette est prête à tout... même à se déguiser en homme. Bravant les interdits, elle infiltre le siège ancestral des oiseleurs, taraudée par cette menace : que feront-ils s’ils découvrent la vérité ? Mais à Avem Dis, Alouette est loin d’être la seule à avoir des secrets. Et lorsque Dessil, le fils du Grand Oiseleur en personne, lui demande son aide, ses convictions vacillent... Sur terre, au-delà des murs du Collège, une guerre sans merci se prépare. Dans le ciel, les présages de mauvais augure se multiplient. Seuls Alouette et Dessil peuvent encore tout changer...

Mon avis

Après avoir lu Opération 19 999 lieues sous les mers, je me suis lancé dans Les Oiseleurs qui allait paraître sous peu (maintenant paru depuis bien longtemps). J’étais très curieuse de découvrir cette histoire parce que lorsqu’on m’avait présenté ce livre au boulot, le pitch a tout de suite attisé ma curiosité… Seulement j’ai vite déchanté et ça a été une vraie déception pour moi et c’est bien dommage… Il y avait du potentiel mais trop de défauts pour moi qui expliquent pourquoi je n’ai pas aimé.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. Un des premiers points que je n’ai pas spécialement apprécié dans ce roman est l’écriture. Elle est trop clinique, on ne ressent pas grand-chose, c’est juste une succession de faits. Ça ne m’a pas vraiment aidé à rentrer dans l’histoire, ça se laisse lire, mais on ne ressent pas grand-chose. Malheureusement ça explique pourquoi je n’ai pas cru à certains éléments de l’histoire.

On va commencer par cette « romance » entre les deux personnages principaux… Elle n’a rien de logique dans le sens où ils ne s’apprécient pas plus que ça, c’est plutôt de l’animosité, jusqu’à ce que Dessil ait besoin d’Alouette pour l’aider dans sa tâche. Ainsi, ils vont tous les deux se côtoyer et le temps faisant leur relation change. Sauf qu’en vérité, on ne sent pas le changement s’opérer, je n’ai pas compris comment ils ont pu devenir amis et plus si affinités, encore moins. Et en dehors de l’écriture, je pense que l’autre problème est dû à la temporalité.

En effet, le temps passe, les mois se succède avec de grandes ellipses si bien que l’on passe de l’animosité à une amitié en un claquement de doigts, mais sans vraiment voir ce changement s’opérer à travers leurs pensées ou bien leur comportement. On passe trop d’un état à l’autre mais sans voir ni ressentir ce changement. Le enemy-to-lover, aucun problème en soi, c’est fréquent et j’adore ça, mais c’est par des petits détails disséminés que l’on voit le basculement se faire et comprendre comment on passe de « l’enemy » au « lover ». Là, ce n’est pas le cas, dans les faits, dans la manière de raconter, on ne ressent pas ça. Je n’ai pas cru à un seul instant à cette amitié et à cette romance naissante. Donc là, ça partait plutôt mal surtout quand on voit les événements à venir qui vont mettre à mal cette relation par bien des aspects.

Donc au niveau de l’écriture et de la manière de raconter les choses, ça pêchait pour moi parce qu’on ne croit pas un seul instant à cette relation donc je suis passée à côté de cet aspect de l’histoire, mais si ce n’était que ça…

L’intrigue, j’ai eu un souci avec ça parce que l’on ne comprend pas vraiment les enjeux, on voit l’arrivée d’Alouette, qui se fait passer pour un garçon pour pouvoir rentrer dans l’académie, et puis on suit Dessil qui cache de nombreux secrets. Il n’est pas encore tout à fait former pour prendre la relève de son père et pêchant dans certains domaines va demander de l’aide à Alouette. Sauf que leurs échanges et moments d’apprentissages sont minimes et ne servent pas à grand-chose. On passe vite à autre chose, sans vraiment changer la situation de Dessil, bon, admettons.

Et par la suite, ça donne le sentiment de changer complètement de cap, sans vraiment savoir où l’on va dans l’intrigue et quand on voit le cheminement et la fin, j’avoue que là… L’autrice m’a complètement perdu, ça n’avait aucun sens, c’était n’importe quoi pour moi, ça n’avait aucune logique de finir de cette manière. D’autant plus en étant un one-shot, en tant que tel le roman ne peut pas se suffire (même si pour ma part, même s’il y avait une suite je n’irai pas). Mais ce roman est présenté comme un one-shot et en vrai, on a l’impression que l’histoire n’est pas finie, pas aboutie et une telle fin c’est non merci pour moi. Ça n’a aucun intérêt que ça se termine de cette manière parce que ça n’est pas logique…

En ce qui concerne l’univers, j’ai là aussi eu des problèmes. On comprend que le pays est en froid avec les autres alentours, mais on ne sait pas pourquoi, on n’a pas vraiment de contexte politique. On sait juste qu’un pays va attaquer Avem Dis et ça s’arrête là. Ça manque de profondeur pour moi et d’enjeux, mais le pire, c’est que la caste des Oiseleurs, qui lisent donc l’avenir à travers le vol des oiseaux, etc. – qui d’ailleurs n’est pas très bien expliqué – ne sert pas à grand-chose parce qu’ils ne sont jamais en mesure de comprendre les présages qu’ils voient. À quoi servent-ils ? Le père de Dessil est censé être un excellent Oiseleur, son fils est censé prendre la relève mais en est incapable…

Bref, il n’y a rien qui va à ce niveau-là non plus ; et c’est frustrant parce que dans le principe pourquoi pas, alors de la politique, des manigances et autres manipulations moi j’en suis toujours friande mais là, ça n’est clairement pas maîtrisé pour moi. Quant aux Oiseleurs, on ne voit pas vraiment leur utilité alors que c’est littéralement le titre du roman, que c’est la fonction d’un des deux personnages principaux et au final, ils ne servent à rien et quand il se passe quelque chose, ils ne comprennent pas et ne sont pas en mesure d’agir et se font avoir. Quel intérêt ?

Quant aux personnages en eux-mêmes, ce n’est pas mieux… Alouette avait un bon potentiel mais je n’ai pas su m’y attacher et à part vivre son amour à sens unique (on ne peut pas dire que Dessil soit très transparent), elle ne fait pas grand-chose, même si elle agit un peu plus que Dessil quand même… Et dans cet univers, les Oiseleurs ne peuvent pas être des femmes, parce qu’elles sont considérés comme des êtres faibles qui ne servent à rien, et patriarcat à fond. Or, Alouette est bien une femme et est plus douée que certains hommes en ce qui concernent les oiseaux. En se faisant passer pour un garçon, elle va pouvoir être formée comme elle le souhaite, et ça c’est intéressant comme principe, et c’est déjà vu.

Quant à Dessil, il y a toute une question autour de son identité de genre, elle est souvent remise en question, des rumeurs sur le fait que ce soit en vérité une femme… Et a priori ça semble être le cas, même s’il se considère comme un homme, etc. Là, il est donc question de transidentité, mais en vérité, pour moi, ça n’est pas vraiment le cas avec la manière dont c’est traité ici parce que sachant que les Oiseleurs ne peuvent pas être des femmes, que le père de Dessil a vu dans les augures que son enfant prendrait la relève, il n’était pas concevable que ce soit une fille… Donc Dessil a un nom officiel de garçon, a été élevé comme tel, etc.

À partir du moment où l’on t’élève comme un garçon, où l’on te dit que tu es un garçon, tu te considères comme un garçon, ça ne relève pas de l’identité et de « choix » en tant que tel. Et le pire c’est qu’à aucun moment Dessil affirme être un homme, quand on lui pose la question, il sourit et passe à autre chose, ne voulant jamais s’affirmer, prendre position, se « défendre » sur des accusations, etc. Parce qu’être considéré comme un garçon lui rend la tâche plus facile et il n’a pas à « choisir » et à revendiquer. Pour ça, à mon sens, la question de la transidentité est étrangement amenée. Ça ne relève pas d’une identité propre et délibérée, choisie par Dessil, mais par son père pour cacher sa nature biologique pour faciliter sa vie en tant que Oiseleur. C’est le statu quo, parce que c’était plus simple à gérer.

Et je reviens rapidement – sans spoiler promis – sur la fin de l’histoire qui du coup, va complètement à l’encontre de ce personnage, en l’obligeant à changer certaines choses de sa vie, ça n’a aucun sens. Par ce que là, encore, à aucun moment Dessil ne va se rebeller, remettre en question ce qu’on lui demande de faire alors que quand même ce n’est pas rien. Et en plus de ça, mettre en péril sa relation avec Alouette, ce qui n’a aucun sens. Un personnage qui fait ce qu’on lui dit, sans rien dire, en acceptant tout, même l’inacceptable sous prétexte que c’est le mieux pour la nation à cet instant T. Je ne comprends vraiment pas cette fin.

En bref, Les Oiseleurs a été une vraie déception pour moi, j’en attendais tout autre chose et c’est bien dommage parce que dans le fond, il y avait de bons éléments. Malheureusement dans la forme il n’y a rien qui allait pour moi. J’ai eu du mal avec l’écriture que je sentais trop clinique, l’intrigue est creuse et ne tient à pas grand-chose et tout se résout trop vite et surtout de manière illogique. Il manque beaucoup trop d’éléments et d’informations pour que ce soit bien construit et que surtout ça soit crédible. Il en va de même pour l’univers qui est bien trop fragile, on ne comprend pas réellement les enjeux ni en quoi le rôle des Oiseleurs est si important alors même qu’ils sont au cœur de toute l’histoire. Quant aux personnages, je dois dire que je n’ai pas été plus concernée que ça par ce qui leur arrivait. Je n’ai pas su m’y attacher et je n’ai pas cru en leur amitié et plus si affinité. Tout va trop vite, tout est survolé et on ne comprend pas vraiment leur relation. Quant à la question de l’identité de genre... je n’ai pas trouvé ça bien amené, ni logique par rapport aux faits... Bref, une grosse déception pour moi alors que j’avais vraiment envie de le découvrir...

LE RÈGNE DES PHALÈNES

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