L’homme à la bulle de savon de Sylvie Matton

Quatrième de couverture

Je le veux et je l'aurai. Plusieurs fois ces derniers mois, Patrick est retourné dans le musée pour vérifier les déficiences du système de sécurité. Il vit la mutation du défi en un acte héroïque comme un parcours initiatique, illicite et enivrant. Une mission joyeuse. Et si ce geste extraordinaire se conclut par une réussite sans encombre, Patrick ne doute pas que sa vie vécue désormais dans l'intimité de l'Enfant, son compagnon et son secret, fera de lui un homme nouveau.

Nombreux sont ceux qui ont un jour ressenti l'envie fugitive de posséder une oeuvre exposée dans un lieu public, mais passer à l'acte est exceptionnel tout autant que la relation intime et passionnelle qu'entretient Patrick avec celui qu'il appelle L'Enfant, le personnage du tableau de Rembrandt, L'Enfant à la bulle de savon. Depuis qu'il l'a vu exposé, L'Enfant est devenu son frère, son double, l'unique compagnon auquel il peut confier ses terreurs de petit garçon face à un tyran domestique jusqu'au jour où le désir de s'approprier la peinture devient irrépressible. Nous livrant les clés d'un vol commis dans un musée, cet ouvrage est aussi, par maints thèmes dérangeants et souvent occultés, un roman social.

Désormais garant de la bonne conservation du tableau, Patrick vivra cette vie commune telle une lente descente aux enfers, à l'image d'un Dorian Gray inversé, où la peinture se porte au mieux dans sa cachette tandis que lui-même se met en danger. Ce roman de non fiction est une histoire vraie.

Mon avis

Je tiens tout d’abord à remercier Audrey et les éditions Don Quichotte de m’avoir permis de lire ce livre que j’ai bien apprécié.

J’ai passé un bon moment de lecture et je vous invite à découvrir cette histoire insolite. Pourquoi est-ce insolite ? Tout simplement parce qu’elle est vraie. Il s’agit d’un fait divers qui s’est déroulé il y a quelques années et dont Sylvie Matton nous raconte ici comment cet homme en est venu à voler ce Rembrandt pour le restituer 15 ans plus tard.

Le récit est coupé en deux parties. La première, la plus longue, évoque le passé de Patrick, des moments de son enfance, ses différentes rencontres avec L'Enfant à la bulle de savon et les raisons qui peuvent expliquer pourquoi il a volé ce tableau une fois plus âgé. On voit que ce passage à l’acte est planifié minutieusement puis nous passons à la deuxième partie en tant qu’adulte, avec la rencontre de sa future femme, la naissance de ses fils et ce secret qui le ronge de plus en plus et dont toute la famille ignore.

A la lecture de la 4e de couverture, on pourrait croire qu’il s’agisse d’une fiction avec une intrigue plutôt bien ficelée, mais il n’en est rien. Cela ne peut donc qu’attiser la curiosité. Comment un homme a pu voler un tableau au nez et à la barbe de tout le monde sans en être jamais inquiété ? Qu’est-ce qui a bien pu le pousser à commettre cet acte ? Quel lien existe-t-il entre Patrick et cet Enfant ?

L’homme à la bulle de savon raconte en partie tout cela, et sans aucun justement de la part de l’auteur. Elle se contente de décrire les faits, de montrer la psychologie de cette personne. On ne peut pas vraiment parler de personnage étant donné qu’il existe et s’appelle réellement Patrick. C’est assez hallucinant de voir la vie de cet homme et à quel point cet « Enfant » qu’il ne cesse de mentionner comme tel, a changé sa vie et l’a aussi dirigé, jusqu’à le rendre parfois paranoïaque. L’allusion à Dorian Gray est tout à fait logique même si le rapport de force est effectivement inversé.

L’écriture de Sylvie Matton est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre rapidement dans le récit. La première chose qui saute aux yeux est l’absence de dialogue ou lorsqu’il y en a, elle est intégrée à la narration. Cela montre davantage un récit biographique avec un aspect documentaire plutôt qu’une histoire en tant que telle. Mais c’est vraiment intéressant et fascinant.

En bref, un roman singulier qui m’a bien plu, ce qui m’a le plus intéressé est le fait que ce soit vrai et que l’on voit toute la psychologie de cet homme qui, à cause d’une obsession pour une œuvre, l’a volé pour la posséder totalement. Un récit à découvrir !

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