Sous le sceau de l'hiver de Hermine Lefebvre

Quatrième de couverture

PARIS, DE NOS JOURS.
Les hommes ont découvert l’existence de la magie et des Cours faëriques, l’Été et l’Hiver. Après des années de conflits sans merci, la paix établie demeure fragile. Et lorsque des chevaliers de la Cour d’Été disparaissent sans laisser de trace, elle ne tient plus qu’à un fil… Accusée, Medb, la reine de l’Hiver, fait régner par vengeance un hiver glacial dans les rue de la capitale.
Le jour où Virgile, changelin doué de magie et orphelin, tente de se suicider, Medb le sauve contre son gré et lui propose un pacte : s’il veut mourir, il n’a d’autre choix que d’enquêter pour retrouver les chevaliers disparus et prouver l’innocence de l’Hiver. Heureusement, il croise le chemin de Camille, qui a des contacts privilégiés avec les Faës et lui offre son aide.
C’est le début d’une course contre la montre effrénée pour éviter une nouvelle guerre et sauver Virgile…

Mon avis

Après avoir lu Protocole 007, je me suis lancé dans Sous le sceau de l'hiver que j’étais curieuse de découvrir. J’avais bien aimé le premier roman de l’autrice même si j’avais des petites choses à y redire. Eh bien dans l’ensemble, mon avis est assez similaire pour ce 2e roman. C’était une bonne lecture, vraiment intéressante et originale mais il est vrai que j’en attendais autre chose, surtout pour le côté faerie…

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre facilement dans l’histoire. Celle-ci est écrite avec deux narrations, on a d’une part le point de vue de Camille qui est écrit à la 3e personne et d’autre part celui de Virgile qui prend la parole à la 1ere personne. Une double narration qui nous permet d’avoir une vision d’ensemble de la situation et de voir aussi ce que chacun des deux personnages vit et a comme place dans cette histoire. Une notion très importante dans ce récit.

L’intrigue est plutôt bonne et bien menée, c’est intéressant. Dès les premières pages on est plongé au cœur des problèmes et très rapidement on sait à quoi s’en tenir. À travers différentes parties qui tiennent le décompte du temps, on voit les semaines défiler. Une course contre la montre est engagée, il faut faire vite pour retrouver les chevaliers disparus sans quoi une nouvelle guerre pourrait bien se déclencher de nouveau entre les différentes Cours. C’est un roman assez dense mais qui se lit plutôt bien et assez rapidement malgré tout.

En soi, c’est plutôt une bonne histoire et j’ai passé un bon moment de lecture en compagnie de Virgile et Camille, mais je dois avouer que l’intrigue et l’univers finissent un peu par passer au second plan vis à vis des personnages qui prennent beaucoup de place. Et pour ma part, j’ai trouvé ça dommage parce que ce n’était pas ce à quoi je m’attendais en lisant ce livre. Avec La Chasse fantôme j’avais eu ce sentiment et j’espérais que ça serait un peu différent pour celui-là. Ce n’était pas le cas mais ce n’est pas pour ça que c’est un mauvais livre, loin de là, il faut juste savoir à quoi s’attendre.

Au final, l’univers faerique n’est qu’un prétexte, un background pour planter le décor mais qui n’est pas assez exploité à mon goût. Or, en voulant lire de la fantasy avec de la faerie, j’imaginais qu’on en serait imprégné, complètement immergé dedans et ce n’est pas le cas. Et c’est dommage parce que c’est un mythe / folklore tellement énorme que ça a besoin de place et là, ce n’est qu’une note en bas de page. A tel point que les termes liés à l’univers sont expliqués en notes à la fin de l’ouvrage, il faut donc faire des aller-retour pour expliquer tout ça. Alors certes, on comprend tout ça facilement à travers le texte, etc. mais je trouve ça dommage que la complexité de l’univers soit relégué en note de bas de pages comme si ça n’était pas vraiment important.

Par ailleurs, pour l’intrigue, l’enquête menée par Virgile et Camille, est tellement diffuse, qu’elle semble se résoudre trop facilement et qu’on ne voit pas non plus tout le cheminement pour en arriver à cette résolution. En tout cas, c’est la sensation que ça m’a donné car l’autrice a tellement voulu développer ses personnages et se concentrer sur eux, que l’histoire et l’univers ont été mis un peu de côté.

Ce qui prime ce sont les soucis identitaires de Camille et les problèmes de drogue de Virgile. Un aspect très mis en avant dans un résumé trouvé sur internet et que j’ai changé pour vous présenter la vraie 4e de couverture que l’on trouve sur le livre et qui n’en fait pas mention. Et je dois avouer que ce n’était pas ce que je voulais lire. Mais attention, je ne critique absolument pas le traitement des personnages qui est vraiment bien fait et très intéressant, j’y reviendrais.

Seulement, en lisant un livre de fantasy, je voulais plus de magie, je voulais une guerre imminente ou vraiment quelque chose sur le point de l’être et pas juste un cadre à peine esquissé. C’est pour ça que l’histoire est bien et intéressante mais loin du coup de cœur pour moi. Je pense que mon avis aurait été peut-être différent si c’était un thriller, et donc un univers contemporain et connu et là, ça m’aurait moins gêné d’explorer plus précisément ces questions-là, qui sont en soi intéressantes et plutôt bien amenés. Mais il est vrai que c’est tellement développé, que la quête pour rechercher les chevaliers passent complètement au second plan pour moi et j’ai trouvé ça dommage.

Camille est un personnage sympathique auquel on ne peut que s’attacher. C’est un personnage non-binaire, d’ailleurs ce personnage est désigné avec le pronom « ael » montrant ainsi que Camille ne se définit ni comme un homme, ni comme une femme mais comme neutre, non-binaire. Je l’avoue au début j’ai eu un peu de mal avec ce terme, je connaissais « iel » mais pas « ael » mais c’est un coup à prendre. Camille est aussi intersexe, ce n’est pas un spoiler, on le sait rapidement mais aussi parce qu’au début du roman, une note de l’autrice le mentionne pour prévenir et l’expliquer. Le traitement du personnage est vraiment intéressant, que ce soit tel qu’ael se voit mais aussi comment il est vu par d’autres personnages, les problèmes qu’ael peut rencontrer vis-à-vis de la société, etc. Et il y en a des choses à dire, c’est pour ça que je comprends que ça prenne autant de place dans le récit.

Quant à Virgile, c’est un changelin mais pas au sens où on l’entend car il s’agit d’un humain ayant de la magie, dans le folklore traditionnel ce n’est pas ça, du coup la note à la fin de l’histoire m’a permis de savoir ce qu’il en était exactement car pour moi ça n’était pas logique que ce soit un humain. Virgile veut en finir, il voulait finir et ne plus rester dans ce cercle familial et ses dépendances à la drogue. Mais la reine de l’Hiver en a décidé autrement, prolongeant ainsi ses souffrances. Ses problèmes de drogue sont très mis en avant, même si on comprend pourquoi, et ce qui est intéressant c’est qu’il est conscient de ses failles. Il va pas mal évoluer au cours de l’histoire mais ne va pas non plus changer du tout au tout au point d’être à l’antipode de ce qu’il était. C’est plutôt réaliste comme vision. C’est un personnage attachant et on espère que tout aille pour le mieux pour lui, d’une manière ou d’une autre et qu’il trouve enfin la paix.

J’ai bien aimé la relation qui se développe entre Camille et Virgile, ce n’est pas toujours évident de créer une amitié étant donné leur vie, leur quotidien, et chacun a ses raisons pour tenir l’autre éloigné. Ils font des mystères mais quelque part, ils se cherchent aussi tous les deux. Et plus j’avançais dans l’histoire et plus j’imaginais très bien qu’elle en serait la fin… J’avoue que si ça n’avait pas été le cas, j’en aurai été déçue tellement ça prenait le chemin…

En bref, Sous le sceau de l’hiver est un roman que j’ai apprécié découvrir, même si je dois avouer que ce n’était pas tout à fait l’histoire à laquelle je m’attendais. Comme pour le précédent roman de l’autrice, l’aspect fantasy et faerie n’est qu’un décor et pas le centre de l’intrigue à proprement parlé. En dehors de cet aspect, mais qui explique pourquoi je suis loin du coup de cœur, l’intrigue reste bonne et bien menée et le traitement des personnages est très approfondi. Des personnages inclusifs à plus d’un titre et j’ai beaucoup aimé les côtoyer dans cette histoire et voir la manière dont ils interagissaient dans cet univers. Mais il est vrai que ce n’était pas ce à quoi je m’attendais, si cela avait été dans un décor plus contemporain, à travers un thriller par exemple, j’aurais eu moins cette sensation. Cela dit, c’est un roman qui mérite tout de même d’être lu, mais il faut savoir à quoi s’attendre.

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