L'Après de Pádraig Kenny

Quatrième de couverture

De qui vient le véritable danger : des machines ou de ceux qui les créent ?

Depuis que la fin du monde a eu lieu, Jen et son père se débrouillent comme ils peuvent pour subsister. Mais lorsqu’ils tombent sur un groupe de survivants qui ont construit une véritable communauté aux allures de grande famille, tout ce que croyait la jeune fille risque bien d’être chamboulé à jamais.
D’autant que Jen a un secret : son père est une IA d’apparence humaine, un secret qui doit être dissimulé, même à ceux à qui elle aimerait pouvoir faire confiance...

Mon avis

Après avoir lu Le grand voyage de Tilbury, je me suis lancé dans L’Après, le nouveau roman de Pádraig Kenny qui allait bientôt paraître (paru depuis). J’ai beaucoup aimé les précédents romans de l’auteur, donc j’étais très curieuse de voir ce que ce nouveau allait donner et je dois dire qu’une fois encore, j’ai été conquise. C’est vraiment un auteur qu’il faut suivre car les thématiques qu’il aborde sont vraiment intéressantes et posent question, tout en nous faisant passer un bon moment de lecture à travers une belle aventure.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’auteur est toujours aussi agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire qui se lit en un rien de temps. Il faut dire que le roman est assez court (260 pages environ), il ne m’aura pas fait long feu.

L’intrigue est bonne et bien menée, c’est assez lent dans l’ensemble mais ce n’est pas pour cela qu’il ne se passe rien, bien au contraire. Cela reste prenant et intrigant, on a envie d’en savoir plus sur ce monde, sur ce groupe de survivants, etc. C’est bien rythmé avec des petits moments de tensions et d’action mais ne vous attendez pas à un rythme effréné, non.

On suit le périple de Jen et son père, dont on découvre assez rapidement qu’il n’est pas humain, mais un robot avec une IA, qui s’occupe d’elle depuis qu’elle est toute petite. On voit qu’il y a une réelle complicité entre Jen et son père, qu’elle nommera John dans la suite lorsqu’ils tomberont sur les survivants. Elle a un vrai attachement pour ce père qui le lui rend plutôt bien, en dépit de ce qu’il est. Après tout, ce n’est qu’une IA, un robot, même s’il a une apparence humaine, il n’en est pas un.

Les IA ont été créés dans le but d’améliorer le quotidien des humains mais ils ont fini par se soulever contre eux et ont dû être neutralisés. Mais cela s’est fait au détriment de beaucoup de vies, laissant un monde détruit avec des humains méfiants en ce qui concernent les robots. Ce qui peut se comprendre…

Mais encore faut-il avoir tous les aboutissants… Je n’en dirai pas plus à ce sujet pour éviter tout spoiler, je vous laisse découvrir cet univers par vous-mêmes.

En tout cas, j’ai trouvé l’univers vraiment intéressant qui nous pousse à la réflexion à travers une thématique très actuelle : l’IA. Même si on n’en est pas encore-là (espérons jamais, soyons honnête), c’est un sujet qui peut effectivement poser question. D’ailleurs, cela a déjà été fait (I-Robot, Le meilleur des mondes, CIEL, pour citer une série plus récente en jeunesse) et en général, ça ne se passe jamais bien pour l’humanité (à se demander pourquoi…).

Dans L’Après, c’est également le cas puisque tout semble détruit, l’humanité profondément touché par ce qui s’est passé. Mais comme je l’ai dit, encore faut-il savoir pourquoi il y a eu ce soulèvement, quels ont été les actes et les conséquences ? Et lorsqu’on apprend la vérité, on comprend mieux les agissements et j’ai trouvé ça vraiment intéressant même si les révélations ont été un peu rapide à ce sujet.

En vérité, c’est le seul reproche que je pourrai faire à ce livre, c’est que l’histoire ne soit pas un petit peu plus longue pour davantage développer ce propos et en particulier le cas de « John », le père IA de Jen qui est assez unique en son genre. Mais les pistes évoquées ici restent intéressantes et le roman se suffit à lui-même. L’IA en soit n’est pas une mauvaise chose, mais tout dépend de la manière dont on l’utilise, n’est-ce pas ? C’est rarement la création le problème en soi, mais plutôt ce qu’on en fait et c’est là où ça dérive et qu’on provoque des catastrophes…

Les personnages sont sympathiques, le duo Jen / John fonctionne à merveille et on s’y attache grandement. Jen est une jeune adolescente qui ignore beaucoup de choses sur ce monde, tout ce qu’elle sait, elle le tient de John qui ne détient pas toutes les réponses à ses questions. Alors en tombant sur le groupe de survivants, elle risque d’apprendre des choses sur son monde dont elle n’était pas prête à entendre la vérité. Mais mieux vaut savoir la vérité / l’Histoire, afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs, n’est-ce pas ?

En bref, L’Après est un roman que j’ai pris plaisir à découvrir. Je n’ai jamais été déçue des romans de Pádraig Kenny et celui-ci ne fait pas défaut. J’ai beaucoup aimé cette histoire, même si elle était un peu trop courte à mon goût pour évoquer un tel sujet : l’IA. Mais les réflexions qui sont faites ici restent intéressantes et bien abordées. L’intrigue est bonne et bien menée, un rythme relativement lent mais pas dénué d’action ou d’intérêt, bien au contraire. Cela nous permet de prendre notre temps pour explorer ce monde, en comprendre les tenants et aboutissants et d’en tirer leçon. Jen et son père forment un duo atypique mais ô combien attachant et ont vraiment une belle complicité, comme un père et sa fille. Un roman à découvrir (ainsi que les autres romans de l’auteur !).

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