This Place is Still Beautiful de Xixi Tian

Quatrième de couverture

« Il n’y a pas mort d’homme. »

C’est ce qu’on ne cesse de répéter à Annalie, 17 ans, qui découvre un jour un graffiti raciste sur la porte du garage familial. L’été commençait pourtant bien : son histoire d’amour avec le beau et populaire Thom débutait enfin ! Mais le quotidien tourne vite au cauchemar lorsque Margaret débarque. La grande sœur d’Annalie, étudiante en droit de 19 ans, est bien décidée à ne pas laisser ce crime sous silence. Derrière cette insulte de peinture rouge, elle veut montrer que les mots blessent. Annalie, elle, préfèrerait oublier... Car sur ses épaules pèse une terrible vérité.

Entre amours irrésolus, conflits familiaux, secrets et quête d’identité : quelle place laisser à ses origines, quand c’est précisément ce qui vous est reproché ?

Mon avis

Après avoir lu Five Survive, je me suis lancé dans This Place is Still Beautiful qui allait bientôt paraître (parution le 14/08/24), autant me mettre à jour sur les futures parutions et ne pas les lire 1000 ans plus tard comme d’habitude. J’étais assez curieuse de découvrir cette histoire qui promettait d’être très intéressante et je dois dire que j’ai passé un bon moment de lecture, même si le sujet évoqué est bien moins sympathique puisqu’il est question de racisme. On fait plus fun dans l’absolu mais c’est une histoire qui mérite d’être lue parce que ça pose pas mal de questions.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire. Celle-ci est écrite selon le point de vue des deux sœurs, par alternance si bien que l’on est au plus près d’elle pour savoir ce qu’elles pensent et ressentent et le moins que l’on puisse dire c’est que les deux sœurs sont vraiment très différentes l’une de l’autre, aussi bien physiquement que mentalement.

Pour information, elles sont à moitié chinoise et à moitié américaine et si Margaret est très typée asiatique, Annalie ressemble plus à une européenne. Une information qui a son importance et qui montre à quel point les racistes ne se limitent vraiment qu’à ce qu’ils voient. Mais je reviendrai sur cette information un peu plus tard.

Ainsi, les deux sœurs ne vont pas réagir de la même manière face à cet acte raciste, si Annalie veut oublier tout ça rapidement et faire comme si ça n’avait jamais existé (bien que ça l’ait profondément choqué et touché), Margaret, elle, veut savoir qui a fait ça et pourquoi. Elle est prête à tout, quitte à aller à l’encontre de la volonté de sa mère et de sa sœur qui ne veulent pas faire de vague et rester discrète et à mener une véritable vendetta pour trouver les coupables et leur faire payer.

Mais faut-il vraiment se taire et faire comme s’il ne s’était rien passé pour avoir de la tranquillité ou faire entendre sa voix et montrer que le racisme n’a pas sa place, mais paraître trop militant ?

Une vraie question qui va se poser ici car cela ne sera pas sans conséquence et il est là, le fameux secret d’Annalie qui va finir par lui peser sur les épaules, c’est que elle, va finir par le découvrir. Se taire ou dénoncer ? Un choix cornélien sur l’instant pour la jeune adolescente. Mais je n’en dirai pas plus pour éviter tout spoiler, cela dit, on peut comprendre la position d’Annalie mais en vérité, on sait ce qu’elle devrait faire parce que le racisme ne devrait pas exister, tout simplement.

Mais le racisme va prendre d’autres formes, pas uniquement cet acte marqué sur la porte de leur garage, c’est aussi dans des réflexions par-ci, par-là. Comme je l’ai dit, les deux sœurs sont très différentes l’une de l’autre physiquement, une ressemble plus à une asiatique que l’autre et du coup, le rapport à l’autre est complètement différent en fonction de la sœur à qui on s’adresse… Et sur la fin, avec certaines révélations (promis, pas de spoils), c’est encore plus blessant et dur de voir à quel point les gens sont stupides, tellement dans un racisme systémique qu’ils ne se rendent même pas compte que ce qu’ils disent est raciste. J’avoue que ce passage-là m’a tué tellement c’était lunaire comme réflexion… mais ça montre bien que les gens s’arrêtent aux apparences et aux a priori sans aller plus loin… Cela pose donc la question de l’identité et c’est assez violent quand on y pense, que certains pensent qu’une identité ne se repose que sur le physique.

Outre le racisme envers les asiatiques qui est le cœur de cette histoire, il est vraisemblablement plus question du racisme en général. On voit qu’il y en a une autre forme, envers ceux qui n’appartiennent pas à la même communauté / culture car Margaret avait un petit ami, non chinois et on voit que là, ça dérangeait sa mère et qu’elle-même ne savait pas si elle se ferait accepter dans la famille d’origine indienne de ce garçon.

L’expérience de la mère de Margaret et Annalie a montré que quand on n’est pas de la même culture, ça ne peut pas fonctionner (le père est aux abonnés absents depuis leur enfance) et voulait donc protéger sa fille en lui faisant comprendre que c’était une mauvaise idée. Mais est-ce pourtant vraiment le cas ? Une expérience malencontreuse est-elle une vérité absolue ? N’est-ce pas là aussi une forme de racisme ordinaire ?

J’ai trouvé ce sujet-là aussi très intéressant car à cause de ça, Margaret a pris ses distances avec son ex-petit ami, sans vraiment donner d’explications, sans laisser une chance à leur histoire alors qu’ils étaient très amoureux l’un de l’autre. D’autant plus que les sentiments semblent être toujours-là…

Pour compenser ces sujets durs et difficiles de la question identitaire et du racisme, la légèreté prend place grâce à la romance. Comme je viens de le dire, Margaret va « retrouver » son ex, donc à voir comment cela se passe après tant de temps absente et de silence, et de l’autre, Annalie qui a un crush sur le beau gosse du lycée. Et elle va s’arranger pour pouvoir discuter avec lui et plus si affinité. Et dans un autre temps, elle va faire la rencontre d’un jeune anglais, venu vivre chez son grand-père durant les vacances… Une rencontre assez explosive mais qui pourrait bien être aussi le début de quelque chose, peut-être… Un peu de douceur même si tout ne sera pas simple, bien au contraire, tant il y a d’éléments à prendre en compte mais c’est tout de même plus léger en terme de thématique, les amours adolescentes.

Par certains aspects, This Place is Still Beautiful m’a fait penser à Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été que j’ai lu peu de temps avant, avec cette famille où la communication a dû mal à passer, où il y a nombre de secrets et non-dits. Il est aussi question de sororité, deux sœurs très différentes l’une de l’autre, qui ont parfois du mal aussi à se comprendre et à se mettre à la place de l’autre. Ce sont des choses que l’on retrouve dans les deux histoires, même si le fond est différent puisqu’il est question de racisme ici, quand dans l’autre, on parle de santé mentale et de quête d’identité (identité sexuelle notamment).

C’est donc différent dans le fond, mais on retrouve le même cadre et condition avec ces deux sœurs dont la vie va changer durant cette histoire. Chacune va apprendre de l’autre, voir les choses différemment et cela va leur permettre d’évoluer et de trouver un peu de paix et sérénité, même si le contexte ne s’y prêtait pas.

Les personnages, tous autant qu’ils sont, sont vraiment très bien travaillés et pour une majorité plutôt attachants. Ils ont chacun leur importance et apportent des questionnements sur la situation, sur ce racisme décomplexé qui existe sous différentes formes. Les caractères sont assez &éclectiques, certaines sont plus solaires que d’autres, on a même un vieux ronchon, l’employeur d’Annalie, et son petit-fils, tout aussi ronchon, qui vont pourtant apporter un peu de légèreté et de bonheur dans la vie d’Annalie, malgré la situation. J’ai beaucoup aimé les personnages qui portent vraiment l’histoire.

En bref, This Place is Still Beautiful est un roman que j’ai adoré découvrir. L’histoire est bien plus dure et sensible qu’il n’y paraît tant les sujets évoqués sont nombreux, même si tout commence avec un acte raciste envers une famille sino-américaine. Il est aussi question de racisme ordinaire et systémique, d’identité, de culture chinoise, le tout avec une romance pour alléger un peu l’atmosphère. Même si là aussi, ce n’est pas si évident, mais ça apporte un peu de douceur dans cette violence gratuite parce qu’ils sont différents et ont une autre culture. Les personnages sont très intéressants et attachants – du moins pour la plupart – et nous embarquent en un rien de temps dans leur histoire. Un livre que je vous conseille vivement !

Commentaires

  1. Coucou
    Il est dans ma wishlist !
    Merci pour ta chronique
    des bises

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    1. Coucou ! Il est vraiment très sympa et les sujets abordés sont vraiment intéressants. Ça fait du bien de lire ce genre de livres.

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