Les Coquillages ne s'ouvrent qu'en été de Clara Héraut

Quatrième de couverture

Comme chaque année, Léna et Phoebe passent les vacances d’été sur la côte basque. Léna ne rêve que de surf et de faire la fête sur la plage, tandis que Phoebe peine à reprendre son souffle après une première année de fac compliquée. Les deux sœurs ne se parlent presque plus et leur famille est au bord de l’implosion.

Mais cet été, il y a Inaya, cette fille qui bouleverse toutes les certitudes de Léna. Il y a aussi Isaac, le premier amour de Phoebe à qui elle a brisé le cœur l’été dernier. Il y a surtout ces choses que les deux sœurs ne se sont jamais dites.

Mon avis

Après avoir lu Love and other words, je me suis lancé dans Les Coquillages ne s’ouvrent qu’en été, le dernier roman de Clara Héraut, que je suis maintenant très attentivement tant j’ai adoré Nos plus belles années et L’effet boule de neige. J’étais donc très curieuse de lire ce livre et une fois encore j’ai été conquise.

Les Coquillages ne s’ouvrent qu’en été a été un raz de marée, un COUP DE CŒUR énorme, même si je ne vous cache pas qu’il a été assez dur à lire, trop de choses qui résonnent et qui m’ont beaucoup touché.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture étant suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est très agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire. Celle-ci est écrite avec les deux points de vue des sœurs, par alternance, si bien que l’on est au plus près d’elles pour suivre leur histoire, savoir ce qu’elles pensent et ressentent et le moins que l’on puisse dire c’est que cet été va signer de grands changements chez elle… Un mal pour un bien dirons-nous, mais en attendant, ça va être dur et intense.

Les sujets abordés ici sont nombreux, on a d’un côté, avec Phoebe la santé mentale. Sa première année de fac a été vraiment dure et compliquée, une pression qui pèse sur ses épaules qui l’a complètement déboussolée. Elle, la fille parfaite aux yeux de sa famille, qui voulait devenir avocate peine à se remettre de cette première année qui ne lui convient pas. Mais, elle n’arrive pas à en parler, à vouloir s’arrêter-là. Alors petit à petit, elle sombre, se renferme sur elle-même et cache sa souffrance et sa douleur, jusqu’à sombrer toujours plus loin.

De l’autre, Léna, qui a succombé au charme d’une fille, qui se pose beaucoup de questions sur son identité, sa sexualité, et là, sa rencontre avec Inaya va encore plus bouleverser son quotidien car ce sentiment se renforce, elle lui plaît énormément. Elle voudrait aussi voyager, prendre son temps pour savoir quoi faire de sa vie, ce qui contrarie sa mère. Une confrontation entre les deux qui pèsent de plus en plus sur la famille, cette mère qui l’emprisonne et ne la comprend pas, la comparant sans cesse à Phoebe qui elle, ne pose jamais de problèmes.

Si chacun savait ce que l’autre pense exactement de cette situation, de ces conflits, si tout le monde écoutait et voyait ce qui se passe réellement dans cette famille, bien des problèmes auraient pu être évités. Mais ce n’est pas toujours facile d’être attentif à l’autre quand on est soi-même dans une situation délicate ou du moins compliquée.

Ce sont deux sœurs qui étaient autrefois proches mais qui ne se comprennent plus, ne se parlent plus et ne voient pas la douleur de l’autre. Elles ne sont pas de la même nature mais chacune d’elles souffre d’une situation, se pose beaucoup de questions sur elles-mêmes, sur leur avenir, sur leurs amours. Phoebe était (est) amoureuse d’Isaac, ils s’étaient promis beaucoup de choses mais Phoebe a tout laissé tomber et lui a brisé le cœur. Difficile de passer à autre chose quand il y a les regrets, tellement de non-dits là encore. Mais peut-être que cet été sera celui du changement ?

J’ai adoré cette histoire, même si elle est déchirante parce qu’on voit cette famille sur le point d’imploser. Entre un père absent qui se dédouane de son rôle rapidement, laissant tout reposer sur cette mère qui ne sait plus comment gérer, plus communiquer non plus et ses deux sœurs qui se cherchent et souffrent… C’est assez compliqué. Et si on se met du côté de la mère, on peut comprendre ses inquiétudes, qu’elle ne cherche qu’à protéger ses filles, même si elle leur laisse peu de marge de manœuvre et qu’elle peut sembler étouffante… De l’incompréhension, c’est ce qui ressort dans cette famille mais suite aux événements qui vont surgir ici, ça va permettre de donner un coup de pied dans la fourmilière et ainsi faire réagir tout le monde.

Les personnages sont plutôt attachants, il n’est pas difficile de se mettre à leur place, même si Léna paraît égoïste au premier abord. Quelque part elle l’est parce qu’elle ne se préoccupe que d’elle et ne voit pas ce qui se passe sous son nez, la dépression de sa sœur, le fait que sa mère s’inquiète et doive tout gérer seule, etc. mais en même temps, quand on est ado, on se préoccupe plutôt de soi que des autres et le fait qu’elle se sente inférieure à sa sœur, la fille qui déçoit tout le monde ce n’est pas si simple non plus. En se mettant à la place de chacun, avec ses propres pensées, on comprend facilement où est le problème.

En tout cas, ce sont des personnages qui ne peuvent pas nous laisser indifférents et les personnages secondaires, Isaac, Inaya et même la grand-mère des filles chez qui elles logent apportent un peu de légèreté, et accompagnent à leur manière ces deux sœurs. Ce sont des personnages intéressants et importants dans l’histoire.

En bref, Les Coquillages ne s’ouvrent qu’en été a été un vrai coup de cœur pour moi, j’ai adoré cette histoire même si elle est déchirante. D’autant plus qu’elle a fait résonner des choses en moi, donc forcément ça touche encore plus fort. C’est une histoire dure par les thèmes abordés et ils sont nombreux, mais le principal étant la santé mentale et elle peut être tellement dévastatrice car souvent elle est silencieuse… Une souffrance qui est cachée, minimisée jusqu’au moment où le fond est atteint et que cela entraîne un déferlement difficile à surmonter, surtout si on est seul. Il est aussi question de l’identité sexuelle et j’ai trouvé le traitement vraiment intéressant. C’est l’histoire d’une famille qui ne sait plus communiquer et qui va devoir le faire, de la plus brutale des manières, un mal pour un bien car cela permettra de remettre les choses à plat. Un été où tout va changer pour cette famille afin de se reconstruire et où chacun pourra (re)retrouver sa place. Une histoire loin d’être légère, ne vous fiez pas à la couverture, mais qui est tellement géniale qu’il serait dommage de passer à côté !

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