On ne sépare pas les morts d’amour de Muriel Zürcher

Quatrième de couverture

Bakari et Erynn, deux ados de cités ennemies, n’ont pas le droit de s’aimer. Au quartier tout se sait, et fatalement, les choses vont mal tourner…
Erynn vient des Vallons, Bakari des Gâtines, deux quartiers voisins qui se détestent. Leur amour n’est possible que dans le secret, à l’abri des regards. Mais dans la cité tout se sait. Quand la nouvelle atteint les oreilles de Diango, un caïd des Vallon violent et amoureux d’Erynn, celui-ci décide que cette relation doit cesser… C’est l’heure du clash entre les quartiers ! Mais la bagarre tourne au drame...

Mon avis

Après avoir lu Le maître immortel, je me suis lancé dans On ne sépare pas les morts d’amour, un roman qui m’a beaucoup intrigué et qui m’a été présenté comme une histoire à la Roméo et Juliette. J’étais curieuse de voir ce que ça pouvait donner et j’ai bien aimé le résultat. C’est une histoire poignante et surprenante par bien des manières. Un roman que je vous invite à découvrir !

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la présentation de l’éditeur ci-dessus (qui ne correspond pas à la vraie 4e de couverture du livre) est suffisamment explicite pour savoir de quoi il s’agit d’autant que les événements arrivent assez vite pour s’en rendre compte. L’écriture de l’autrice est agréable à lire et fluide de sorte que l’on rentre en un rien de temps dans l’histoire qui est assez originale dans le genre.

Alors, certes, le côté « Roméo et Juliette » ne l’est pas, c’est un thème qui a été vu et revue à maintes reprises, MAIS ! la manière dont le récit est construit l’est totalement et le déroulement de l’histoire pourrait bien nous surprendre. En effet, l’histoire démarre sur une « Zone de transit » où l’on découvre Bakari… mort… dans une salle d’attente. Il attend son jugement pour savoir s’il va aller au paradis ou en enfer. On commence donc l’histoire par la fin, c’est assez original, on sait à quoi s’en tenir. Puis, lorsqu’il va être amené devant le jury, il va retrouver Erynn, qui est donc elle aussi morte. Tous les deux vont être « entendu », on va retracer leur vie afin que les jurés puissent délibérer et rendre leur verdict.

C’est ainsi, que l’on va voir par alternance différents points de celui : celui de Bakari, comme si on regardait un film de sa vie et celui d’Erynn, de la même manière. Entre deux « visionnages », on va retourner dans la Zone de transit où le juge y va de ses commentaires sur l’affaire, etc. C’est une narration intéressante et assez étonnante dans le genre mais qui fonctionne parfaitement. Le rythme est soutenu et rapide, c’est très visuel et on a la sensation de regarder un film se dérouler sous nos yeux tant la manière d’écrire de l’autrice est très vivante visuellement.

Ainsi, on retrace leur vie, leur rencontre, leur coup de foudre mutuel, bien qu’ils vivent dans deux villes rivales. C’est un amour impossible, et pourtant les faits sont là, jusqu’au moment où le chef des Vallon : Diango décide de mener une vendetta et créer une guerre qui va mal tourner. On le sait depuis le début puisque Bakari et Erynn sont morts… Mais l’histoire pourrait bien nous surprendre à la fin, mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler. En tout cas, j’ai beaucoup aimé l’histoire, la manière dont elle était faite, avec cette fin que l’on sait depuis le début avant de faire machine arrière pour comprendre comment on a pu en arriver-là.

Le roman est très court donc l’autrice va à l’essentiel, nous montrant les scènes nécessaires pour comprendre cette histoire d’amour impossible et ces bandes rivales qui cherchent le moindre prétexte pour se déclarer la guerre et mettre la ville à feu et à sang.

Les thèmes abordés sont forts, des gamins de cités qui essayent de s’en sortir tant bien que mal, où chacun cherche sa place et essaye de briller : d’ « être quelqu’un » même si pour cela, ils font de mauvais choix, préférant la violence et la délinquance. Bakari essaye tant bien que mal de se sortir de cette situation, de s’offrir un avenir pour lui-même mais aussi pour ses frères et sœurs qu’il élève puisque leur mère est souvent absente, devant cumuler plusieurs boulots pour s’en sortir. Une situation difficile et compliquée qui laisse peu de chance à ceux qui vivent dans ces cités.

Il est aussi question d’amour, de relation naissante, de ce que ça devrait être : le respect, le consentement, etc. et Erynn a bien conscience que la relation de sa meilleure amie, Delicia, avec Diango n’a rien de normal et que l’obsession qu’il a pour elle est malsaine. En plus, cela va créer des tensions et de la jalousie vis-à-vis de Délicia alors qu’Erynn n’a rien fait. En un si court roman, l’autrice aborde des sujets vraiment intéressants qui permettent de faire réfléchir et prendre conscience de la toxicité de toute cette affaire.

Les personnages sont attachants et sympathiques. On ne peut que compatir face à leur situation, bien évidemment puisqu’on sait par avance la fin de l’histoire. On suit donc, le cœur battant, cette tragédie se dérouler devant nos yeux, impuissants car leur sort est déjà scellé… N’est-ce pas ?

En bref, On ne sépare pas les morts d’amour est un roman qui m’a beaucoup surprise, j’ai beaucoup aimé cette histoire qui est très efficace. Une sorte de remake de Roméo et Juliette ou encore West Side Story. Si l’on sait d’avance quelle sera la fin de l’histoire, on suit avec une grande attention la rencontre de deux âmes sœurs, leur coup de foudre avant d’assister à une tragédie inévitable à cause de rivalités qui n’ont plus lieu d’être. L’autrice aborde de nombreux sujets dans un roman si court et c’était vraiment intéressant à suivre. Un roman poignant qui ne pourra pas vous laisser indifférent aux côtés de personnages attachants qui voulaient simplement s’en sortir, vivre leur vie et s’aimer librement. À découvrir !

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